La photo de rue dans une petite ville de province

Je ne suis pas vaillant en ce moment pour la street photography. Les températures commencent à descendre, je croise peu de monde dans les rues et les mains restent dans les poches. Le mieux serait de parcourir les rues du Vieux Lille. Là au moins, je suis certain de voir défiler des cohortes de passants. Les rues sont très animées le weekend, de quoi faire oublier le froid et l’humidité. De plus, la grande roue est installée, c’est l’occasion de faire de belles images d’illuminations, le soir.

janvier 2012 - 878
Négatif noir et blanc Rollei Retro 100

Quand je n’ai pas le courage d’arpenter les rues, je peux toujours prétexter que des films argentiques ou des photos papier attendent d’être numérisés. C’est souvent le cas. De plus en plus de particuliers me confient leurs anciennes photos de famille et je ne veux pas faire attendre mes clients. J’essaie tout de même de réserver le dimanche pour la photo de rue. Il faut que je puisse garder le contact avec la rue, sinon je perds très vite mes réflexes. Mais actuellement, je ne suis pas très motivé pour la photo en extérieur, surtout dans ma petite ville.

Photographie noir et blanc - Mustang à la sortie de l'Eglise

Je sais que l’on peut modifier son regard sur la ville et ne pas se contenter de photographier les mêmes scènes de rue à chaque fois. On peut se faire aider des mauvaises conditions météo par exemple pour se renouveler. Le brouillard change toute la perception des choses. Le vent permet de créer des images dynamiques. La neige apporte une ambiance complètement différente. La photographie de rue peut être pratiquée et interprétée de différentes manières. Dans la rue, il est toujours possible de faire des portraits rapprochés de personnes que l’on ne connaît pas. C’est stimulant. Et ajouter la ville comme arrière-plan, c’est aussi une piste intéressante.

Malgré tout, une certaine lassitude commence à s’installer. Photographier la ville où je vis depuis douze ans m’intéresse beaucoup moins. Le regard s’épuise à force. J’ai envie de partir loin pour retrouver l’inspiration et les sensations fortes de la découverte. Aujourd’hui, quand je cherche des instants de vie dans ma jolie petite commune, j’ai tendance à hésiter avant de déclencher alors que je grillais facilement plusieurs pellicules par jour quand je vivais à Glasgow. Heureusement, je tombe parfois sur des scènes insolites. J’essaie de montrer autre chose dans mes photos toutes prises en argentique et très souvent en noir et blanc.

jour de lessive

En cherchant à me diversifier, les scènes de vie ne constituent plus vraiment l’axe central de mon travail photographique. Je l’avais déjà raconté dans un précédent billet. Je suis de moins en moins motivé par la photo de rue comme je l’ai pratiquée jusqu’à aujourd’hui. Petit à petit, l’être humain disparait au profit de rues désertes. Je vais finir par intituler mes vues : photos d’une ville ou photographie urbaine.

Wambrechies en noir et blanc argentique

Aujourd’hui, je prends plus de distance quand je photographie les gens dans la rue. Avant, il fallait que je puisse pratiquement les toucher pour déclencher. C’est certainement aussi du fait que je n’ai plus de focale courte. Le 50 mm est le seul objectif fixe que j’ai choisi de conserver, les autres ont été revendus pour payer quelques factures. Les 28 mm et 35 mm me permettaient d’aller au contact de mon sujet et m’offraient la possibilité de varier les prises de vues. Il me reste toujours le 17-40 F4 L mais ce type de zoom est trop envahissant et trop voyant. Une focale fixe, il n’y a rien de tel en photographie de rue.

Photographe noir et balnc classique Lille Nord


Je sais qu’un jour ou l’autre j’abandonnerai la photo de rue dans ma petite commune. Si un événement spécial a lieu, j’exposerai à nouveau du film mais pas pour les scènes du quotidien. Je me déplace toujours avec mon reflex argentique à l’épaule mais je déclenche rarement. J’ai besoin de nouveauté. A moins qu’un habitant de la commune souhaite apprendre la photo de rue sur place, j’irai balader mon appareil uniquement dans des lieux inconnus.

Travaux en cours - photo de ville en noir et blanc argentique

Commentaires

5 réponses à « La photo de rue dans une petite ville de province »

  1. Avatar de Sylvain Courant
    Sylvain Courant

    Pas mal ton article. C’est marrant parce que je fais le cheminement inverse.

    1. Mis à part les portraits improvisés de personnes que je ne connais pas, je ne pense pas poursuivre la photographie de rue telle quelle.

  2. J’aime bien ton article, parece que je le trouve sincère et lucide. Un jour HCB a dit à un photographe italien: il est bête celui-là, il veut devenir un grand photographe. D’abord tu dois vivre et après la vie te donnera des photos. Il faut vivre! Je crois que c’est vrai; la photographie de rue n’est pas une activité mais un style de vie. C’est plus facile à dire qu’à faire, surtout quand la photo n’est pas notre activité principale, notre gagne pain. Mais je pense de plus en plus que cette affirmation est correcte. Je suis un peu comme toi. J’ai fais beaucoup de photos dans ma ville et je commence à avoir envie d’aller voir ailleurs si j’y suis. La difficulté dans ma ville c’est qu’il y a beaucoup de gens mais très peu de touristes. Ce qui est d’autant plus stressant quand tu te promènes avec un appareil photo dans les mains. Bref, j’ai commencé il y a plusieurs semaines à changer régulièrement d’endroit pour faire mes photos. Même si le lieu n’a pas beaucoup d’influence sur mon style photographique, cela me fait du bien de voir des ambiances différentes.

  3. J’ai découvert que j’ai de la misère à pratiquer le Street chez moi et c’est pour la même raison que toi à une différence près : Ce n’est pas que je l’ai tant photographié mais trop vu, oui ! Je ne vois pas les images comme lorsque je suis dans une autre ville. C’est pareil pour ma ville d’enfance. Je n’ai pas assez de recul peut-être pour sentir le street chez moi mais bon j’essaie quand même…

  4. On a parfois la sensation de ne plus avoir d’inspiration, d’avoir fait le tour d’un sujet, de ne plus avoir envie… et puis une scène se présente qui provoque un déclic. Obligatoirement cela finit par arriver un jour, pour un nouveau départ.

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