Je possède un 24 mm F1,4 L et un 135 mm F2 L, deux focales extrêmes selon mes critères, mais grâce auxquelles les photos sortent de l’ordinaire. Je les ai acquises pour offrir à mes clients des images avec un impact visuel fort. A cause de mon obsession pour un équipement minimaliste, je les utilise trop peu souvent, préférant assurer les commandes avec un classique du genre, le 24-70. Ce sont des outils très spécifiques qui ne peuvent pas être employés tout au long d’une journée de reportage.
Ce 24 mm est formidable. Il offre une dimension nouvelle par rapport à ce que j’ai l’habitude de faire. Je n’aimais pas cadrer plus large que le 28 mm jusqu’à aujourd’hui : trop d’informations à gérer dans un seul cadre. Mais quand je vois ce qu’il offre comme possibilités, je lui dois tout mon respect. Il mérite un peu plus d’égard de ma part. Je veux lui donner davantage de place dans ma production argentique.
Histoires de photos 
Bonjour Fred 🙂. Excellente démarche de ta part , jusqu’à présent j’utilisais que le 50 mm, de plus en plus j’utilise mon 28 mm f3.5 cela me permet d’inclure l’espace de mon sujet .
Je n’ai jamais pu me faire au 24. Je suis déjà à la limite d’être embarrassé par l’ampleur du 28, qui est la focale la plus large que j’utilise. Malheureusement (pour moi), les courtes focales sont de plus en plus la norme — peut-être sous l’influence des smartphones ? — ce qui va sans doute amener à un changement de « culture visuelle ».
Dans un ordre d’idée similaire, j’ai pu constater de visu et par différents témoignages que les plus jeunes sont souvent absolument imperméables au « bokeh », qui (à tort ou à raison) était pourtant naguère la signature de la photo « sérieuse » : ils veulent « tout net » ! Jusqu’à un prochain renversement, sans doute, et ainsi de suite 🙂
L’utilisation du grand angle n’est pas nouveau. Sieff était un adepte du 21 mm. Il m’a fallu du temps pour adopter le 28 mm. 30 ans au 50 mm, ça forge des habitudes. Le 35 mm est devenu ma focale de prédilection dans mon travail de reportage mais le 28 mm s’est imposé dans mes photos loisirs.
Je suis très étonné quant à cette nouvelle tendance du tout net que tu remarques chez les jeunes. Beaucoup de mes confrères fraîchement introduits dans la photo professionnelle ne jurent que par la pleine ouverture et le bokeh alors qu’il ne s’agit là qu’un effet de style. La pleine ouverture n’est pas toujours pertinente, au contraire même, mais ça les trentenaires ne l’ont pas compris. Je le constate également chez les photographes de mariages. On oublie qu’il faut savoir donner du sens aux images et pas seulement du crémeux en arrière-plan.
Je me suis mal fait comprendre : je parlais de jeunes qui ne sont pas photographes (mais consommateurs d’images). Je l’ai constaté à plusieurs reprises (et je ne suis pas le seul d’après des discussions que j’ai eues).
Pour le très grand angle, certes il se pratique depuis longtemps, mais c’était alors un style, une signature, et ça pouvait l’être justement parce que ça n’était pas la norme. Les plus âgés se souviennent de la sensation d’audace et de « pavé dans la mare » qu’ont pu provoquer ces images de Sieff auxquelles tu fais allusion. Aujourd’hui, il suffit de parcourir les forums photo pour s’apercevoir du dédain (j’ai presque envie d’écrire : du déni) dans lequel est tombé le 50 mm par exemple, jugé fade, austère, malcommode.
Et au contraire, sur les mêmes sites : de la normalité tranquille et indiscutée des focales courtes, voire très courtes…
C’est du moins mon impression, elle vaut ce qu’elle vaut 😉
Amicalement,
F.
Je suis d’accord. Les goûts et les méthodes ont bien changé. Cela ne nous empêche pas de continuer à photographier avec les mêmes outils depuis nos premiers amours. En reportage mariage, j’ai toujours un 50mm avec moi. Le 24-70 et le 35 font le job quand ça bouge dans tous les sens. Ce sont des objectifs à tout faire mais les portraits au 50mm surprennent davantage les clients. Merci d’apporter de l’eau au moulin. Bonnes photos.