Ce matin, j’ai reçu un un emailing de chez Canon. Le titre de leur campagne est celle-ci : « Il est temps d’ajouter l’EOS R6 à votre équipement ». Quand on lit les spécificités de ce boîtier professionnel, il y a de quoi saliver : déclenchement silencieux à 20 images par secondes, stabilisation de l’image jusqu’à 8 vitesses, 102.400 ISO… Le Canon EOS R6 est certainement un outil de travail très performant assurant aux photographes de mariages comme moi des images réussies en toutes circonstances. Je suis persuadé que les arguments sont vrais. Il suffit de lire les avis dithyrambiques de mes confrères à l’égard de cet hybride ou de regarder quelques vidéos de démonstrations pour en être persuadé. Mais tous ces avantages technologiques suffisent-ils à me décider de revendre les Canon EOS 5D Mark III ? Je ne pense pas, en tout cas, pas immédiatement.

Je travaille avec deux Canon EOS 5D Mark III depuis quelques années maintenant. Ils remplissent toujours bien leur rôle en photographie d’événement et ont chacun dépassé les 130 000 déclenchements. Je n’ai pas grand chose à leur reprocher. Globalement, ils répondent aux critères des professionnels du reportage qui comme moi ont gardé leurs habitudes de travail. Fiabilité, robustesse, réactivité, bon autofocus et bonne autonomie, voilà les points forts de ce reflex. Des progrès énormes sont apparus avec les EOS R6 et R3 mais je n’ai pas l’impression que les images du 5D sont moins bonnes depuis, alors je continue à l’utiliser. Certes, je gagnerais en confort avec un EOS R6, plus léger et plus rapide que le 5D MKIII ou MKIV, et il y a des chances que le taux de photos réussies augmente légèrement mais au final les clients ne verraient pas la différence. On vous paye pour avoir de bons souvenirs en images, pas pour la qualité du piqué ou je ne sais quoi.

L’une des faiblesses du 5D Mark III est sa dynamique. Il est préférable de ne pas trop sous-exposer si ensuite vous devez relever les tons sombres en post-production. Le banding apparaît assez vite comparé au Nikon D750. C’est pour moi le gros point faible du 5D MKIII. Mais si l’exposition est bonne, alors vous n’avez pas de souci à vous faire. La colorimétrie n’est pas toujours à mon goût non plus mais je m’en arrange. Elle n’est pas forcément plus juste chez les concurrents. Je sais que les Nikonistes se plaignent aussi de la difficulté du traitement des couleurs. Les teintes bleues semblent leur poser problème. Chez Canon, les teintes orange et magenta qui apparaissent dans un certain type d’éclairage me gênent beaucoup en photographie de portrait. Il n’est pas toujours aisé de corriger ces dominantes de couleurs dans Lightroom. Parfois, je regrette le style d’image old school du 5D classique.

Le Canon EOS 5D MK III gère parfaitement bien l’exposition, même en cas de fort contraste. En reportage photo, on est souvent confronté à des luminosités délicates et parfois imprévisibles. Je n’ai pas de souci de ce côté là. Si les images sont surexposées ou sous-exposées, c’est de ma faute, pas celle de l’appareil. Il m’arrive parfois d’oublier de modifier les ISO en sortant d’un endroit sombre par exemple et comme je travaille souvent en mode manuel, l’erreur est fatale. L’avantage avec les appareils photos hybrides est de pouvoir visualiser l’exposition avant même de presser le bouton mais je ne sais pas ce que donne le viseur dans une pièce sombre. En tout cas, le R6 est censé détecter les sujets même en très basse lumière. Voilà un autre point positif que je trouve très utile en soirée. Sur la piste de danse, il est parfois difficile d’accrocher le sujet. Le Canon 6D et le Nikon D750 sont très forts à ce jeu là. J’imagine que le R6 doit être impressionnant.

Le 5D MK III était au top du top quand il est sorti. Aujourd’hui, il ne semble plus être à la hauteur selon certains. Nos anciens boîtiers ne sont pas de mauvais appareils. Les Canon EOS 3 argentiques me donnent encore satisfaction en 2022. Les nouveautés technologiques apportent juste plus de confort au photographe. J’admets que le poids du matériel est un critère essentiel qui pourrait un jour m’inciter à me séparer des EOS 5D MKIII et de leurs objectifs trop lourds, un problème majeur au bout de dix ou quinze heures de reportage.


Soyons honnêtes, la plupart des photographes ne se séparent pas de leur matériel parce qu’il est défaillant ou obsolète mais parce qu’ils sont attirés par la nouveauté et ont envie de se faire plaisir. Je ne critique pas. Si vous en avez les moyens, c’est tant mieux pour vous. Personnellement, j’attendrais volontiers une année supplémentaire avant de basculer à l’hybride, histoire de rentabiliser un peu plus les 5D MKIII. Le coût de cet appareil EOS R6 reste très élevé à l’achat et sachant qu’il me faut au moins deux exemplaires, la note va être salée, surtout si on est tenté par les nouveaux objectifs en monture RF. Les ventes d’appareils hybrides a dépassé celle des reflex dans la gamme premium. Il n’y aura bientôt plus de reflex haut de gamme au catalogue. Quand le Canon 5D Mark III est sorti, on nous affirmait qu’il s’agissait du boîtier ultime pour photographes de mariages. Apparemment, ce n’est plus le cas.

Heureusement, une photo ne se juge pas seulement sur le seul critère de la qualité d’image ou de sa résolution. De plus, entre un reflex et un hybride, la qualité d’image semble similaire. Les mariés qui veulent signer avec un professionnel en particulier ne le font pas parce qu’il possède deux EOS R3 et un parc d’objectifs ultra chers dédiés aux hybrides. Ils vous choisissent parce qu’ils aiment votre approche du reportage, l’attention que vous portez aux regards ou les moments choisis durant les préparatifs, le cocktail ou la cérémonie et éventuellement votre style. Au final, cela reste de la photo.
Photographe mariage dans les Hauts de France : fredlaurent.com
Bonsoir Fred.
J’ai donné il y a 2 mois mon 5D MkII avec un objectif Tamron 28-75mm et un Canon EF 70-200mm F4 L à ma fille de 30 ans qui fait de superbes photos avec (elle a fait Saint-Luc photo avant de bifurquer vers la culture et le spectacle vivant). Je pensais me contenter du Fujifilm X-Pro2 que j’avais en complément du 5D MkII, mais le 5D me manquait (l’attrait du plein format) et, plutôt que d’acheter un boitier R6 j’ai racheté d’occasion un lot composé d’un 5D MkIII, un Canon EF 17-35mm f2.8 et un 100-400mm f4-5.6 qui viennent compléter le Canon 100mm f2.8 macro que j’avais gardé. J’ai fait ce choix pour des raisons économiques d’une part, et techniques d’autre part : améliorations par rapport au 5D MkII, mêmes optiques, mêmes montures (j’ai beaucoup de vieux objectifs avec bagues adaptatrices vers Canon EF), mêmes batteries et cartes CF, poids des fichiers pour le stockage et la rapidité de traitement, pas besoin de changer de carte graphique ou d’ordinateur… Certes je ne suis pas professionnel. Un rêve très peu raisonnable resterait l’acquisition d’un Fuji numérique moyen format… 🙂
PS : et tes photos sont superbes : donc pourquoi changer, effectivement. 🙂
Je te remercie Olivier. Je pense que dans quelques années, beaucoup de photographes seront nostalgiques du 5D MKIII mais il ne faut pas se faire d’illusions. Les hybrides seront très prochainement la norme et incontournables pour un photographe professionnel. Les boîtiers continueront à perdre du poids et gagneront en performances. Personnellement, je rêve de pouvoir travailler un jour avec un seul petit numérique très léger pour les images couleurs en complément d’un boîtier argentique pour le NB. Un 35 mm ou au pire un 24-70 me suffirait et le 50mm serait bien évidemment monté sur l’argentique. J’en ai assez de trimballer tout un attirail d’objectifs pendant des heures. J’adore faire des images mais les contraintes liées au matériel me fatiguent. Il faudra un jour peut-être oser me passer aussi du 85mm et me contenter d’un équipement ultra minimaliste.
Je te comprends Fred. C’est pourquoi j’ai précisé que je ne suis pas un pro. Si c’était le cas, je suivrais effectivement l’évolution technologique, en gardant un temps de recul pour ne pas essuyer les plâtres. 🙂
Je partage totalement votre analyse. Possesseur d’un canon 5d4 et d’un Canon 5ds que j’ai pu acheter neufs en fin de vie à un tarif hors concurrence, j’hésite à investir dans un Canon R5 dont le prix me paraît exagéré par rapport aux boîtiers des autres marques . Le bénéfice à attendre est surtout au niveau de la gestion de l’autofocus, par contre je ne vois pas de grosse évolution au niveau de la qualité de l’image. Quand au gain de poids supposé, je ne suis pas sûr que la diffère soit si sensible et préserve mes vertèbres vieillissantes. Les objectifs RF ont également connu une inflation des prix importante. À ce rythme, le matériel professionnel ou expert deviendra bientôt inaccessible au plus grand nombre des passionnés. Quand je renouvellerai mon matériel, je ne suis pas certain de rester fidèle à Canon car la concurrence offre d’intéressantes solutions alternatives souvent moins coûteuses. Cordialement.
Je vous remercie pour votre avis et votre expérience partagée. Si je devais investir à nouveau dans le numérique côté pro, ce sera logiquement dans des boîtiers hybrides. Je ne pourrai pas y échapper. Les reflex neufs ne se seront bientôt plus disponibles. Mais s’il fallait faire un choix pour une utilisation personnelle, je pense que m’orienterais vers quelque chose de petit, léger, agréable à utiliser (hybride ou non). Plus je vieillis, moins j’ai besoin d’une électronique de pointe.