Réduire son matériel photo au strict nécessaire

Plus la passion grandit et plus le sac photo prend du poids

La quantité de matériel photo augmente au fur et à mesure que le photographe progresse dans sa pratique. Ce n’est peut-être pas le cas de tout le monde mais c’est bien souvent ce qu’il se produit quand on souhaite passer à un niveau supérieur. On se dit que faire évoluer le matériel permet d’explorer de nouveaux horizons et d’améliorer encore un peu plus la qualité du travail photographique. Ce n’est pas toujours vrai et vous le savez. Chez le photographe pro, la logique est presque la même avec une variable en plus, celle de pouvoir produire plus vite dans de meilleures conditions et de parer à toutes les situations. Parfois, le souci du professionnel est aussi de sécuriser son travail. Il privilégie alors les reflex avec double slot et multiplie les back-up : boîtiers, objectifs, batteries, cartes mémoires etc… Le matériel photo s’accumule jusqu’au jour où l’on dit stop.

Equipement minimaliste

J’adore le principe d’un équipement minimaliste. Quand on emporte beaucoup de matériel photo dans le coffre de la voiture ou le sac à dos, on perd trop de temps à monter, démonter les objectifs et réfléchir lequel visser sur le boîtier à l’étape suivante. Moins de matos libère l’esprit et soulage le dos. Certains photographes ont choisi de se débarrasser du superflu et de ne garder que le minimum utile. J’ai vu des photographes couvrir un mariage avec pour seul et unique objectif un 50 mm. Je trouve ce choix très audacieux. Dans ce cas, il faut accepter de ne pas pouvoir tout faire. Réduire son matériel photo au strict nécessaire n’est pas toujours un gage d’efficacité. Sur une longue journée de reportage, le photographe mariage pourrait se contenter du 24-70 F2.8 mais c’est à la fois compliqué et risqué. Une optique supplémentaire est vivement conseillée en cas de panne ou de casse. Il aura souvent besoin d’une focale fixe pour pallier au manque de lumière s’il ne veut pas flasher les mariés en permanence. Dans les églises imposantes, le 70-200 reste presque incontournable à moins de faire l’impasse sur les cadrages serrés et les larmes de la mariée. Personnellement, je vais essayer de faire sans longue focale cette année. J’ai longtemps hésité mais j’ai enfin revendu le Sigma 70-200 F2.8 qui pèse son poids à la longue. Au final, je l’utilisais peu. À la place, le Tamron 85 mm F1.8 stabilisé remplira cette tâche à moins que je ne me tourne vers le 135 mm F2, plus léger et moins encombrant que le gros zoom. Pour l’instant, les investissements sont en stand-by à cause de la Covid et de la baisse d’activité. Je me pencherai sur la question l’année prochaine.

Canon EF 50 mm F1,4 sur reflex argentique CANON EOS 3. Photo noir et blanc des préparatifs de la mariée sur pellicule Ilford HP5 à 1600 iso

Quand j’ai débuté l’activité mariage, je me suis rapidement retrouvé avec un grande quantité d’appareils et d’objectifs sans compter l’éclairage utilisé sur trépied en déporté pendant la soirée. De plus, je jonglais entre numérique et argentique constamment. Aujourd’hui, j’ai réduit la voilure et l’argentique est réservé à des moments particuliers comme les préparatifs, les photos de couple ou la réception. J’ai adopté une règle : transporter au maximum 2 boîtiers, 3 objectifs, 1 flash. Le tout doit pouvoir tenir dans une besace ou un sac à dos. Samedi prochain par exemple, je couvrirai une cérémonie civile et les photos du couple avec le Canon EOS 5D Mark III, le 35, le 85 et le 24-70. Un 6D sera présent dans le sac en second boîtier. En été, pendant les longues journées de reportages mariages, j’apprécie le harnais qui m’aide à supporter le poids des deux reflex et des objectifs. Le reste du matériel attend dans un sac Lowepro bien souvent derrière la sono. Avant, je transportais tout ce que je pouvais prendre dans divers sacs. J’avais des sangles en veux-tu en voilà, des filtres, trois flashs, des transmetteurs… Je ne me rendais pas compte mais c’était bien trop par rapport à ma personnalité. Depuis quelques années, je cherche la simplicité et l’efficacité.

Acheter en fonction de ses besoins

Je rêve depuis longtemps d’acheter le fameux 50 mm F1,2 de chez Canon. Avant de prendre le virage numérique, ce caillou m’intéressait déjà. C’est un objectif convoité par beaucoup de photographes portraitistes. L’autofocus est quasiment infaillible sur le 5D Mark III. Son rendu très doux me plaît et convient aux images argentiques. Contrairement au Canon 50 F1,4 USM, il n’a pas peur des intempéries… En ai-je vraiment besoin ? Honnêtement, non. Je possède déjà un 50 mm Sigma ART qui me donne satisfaction. Hormis son poids, tout va bien et les clients ne feraient pas la différence de toute façon. Ce genre d’achat répond davantage à une envie qu’à un besoin réel. L’argument avancé par le professionnel est de choisir ce qu’il y a de mieux sur le marché pour pouvoir travailler dans les meilleures conditions. Le 50 F1.2 coûte environ 1400 euros. Une telle dépense ne fait pas nécessairement avancer le business. Le risque est d’acheter du matériel pour le plaisir de posséder un bel objet et de ne pas réellement s’en servir. Par contre, il est parfois judicieux de faire évoluer son matériel. Il arrive un moment où il faut remplacer un ancien modèle défaillant par un élément plus performant et plus précis.

Trouver la bonne combinaison

Je trouve louable de vouloir réduire son matériel photo au strict minimum. Cependant, il ne faut pas non plus tomber dans les extrêmes. Un certain nombre d’accessoires reste quand-même indispensable dans certains cas et mieux vaut ne pas faire l’impasse sur des critères importants comme la fiabilité ou l’efficacité. Il est très difficile de se priver de tout. Certains disent qu’il faut envisager les pires scénarios avant de constituer son équipement photo. Peut-être ont-ils raison. Ainsi, la configuration idéale afin d’assurer un reportage photo pourrait être la suivante : deux reflex, un zoom du type 24-70 et en complément une focale fixe lumineuse du style 35 mm en cas de pépin avec le trans-standard. Ou alors, l’équipement de base pourrait être constitué des deux focales fixes les plus souvent utilisées en reportage mariage, le 35 mm et le 85 mm. Certains fonctionnent avec un 24 mm et un 50 mm et le 24-70 en back-up. Si vous aimez travailler au 85 et 135 mm, un 70-200 mm de secours ne sera pas de trop. Quelle que soit la configuration, il est essentiel de choisir le matériel photo le plus adapté à son activité.

Un équipement adapté à la personnalité du photographe

Le plus important pour un photographe, qu’il soit professionnel ou non, est de travailler avec le matériel photo qui lui convient. Il ne faut surtout pas s’équiper comme les autres ou vouloir se lancer dans une nouvelle acquisition à chaque fois que l’on rencontre une difficulté. C’est le meilleur moyen de se disperser. Après, tous les photographes ne se ressemblent pas. Certains ne verront aucun inconvénient à posséder une multitude de boîtiers et gèrent très bien un parc d’optiques impressionnant. D’autres se contentent de peu et font toute une carrière avec un minimum de matériel. Ensuite, il y a aussi ceux qui prétendent ne posséder qu’un seul outil de travail et on découvre des images prises du grand angle au téléobjectif dans leur portfolio. Méfiez-vous des effets de modes. Le minimalisme en fait parti. L’équipement photographique doit réellement être adapté à votre personnalité.

L’idée de cet article me vient d’une femme photographe qui se lance dans le métier du reportage mariage. Elle voulait mon avis sur le choix d’un objectif pas trop cher. Je la félicite parce qu’elle démarre avec un équipement minimaliste. Elle recherchait quelque chose de qualitatif à monter sur son Canon EOS 7D acheté d’occasion. Je lui ai conseillé le 17-55 F2.8 pour commencer. Je lui ai suggéré de conserver son 50 mm, toujours utile pour les portraits romantiques ou les prises de vues en basse lumière. Je lui tire mon chapeau. Je n’aurais pas osé débuter la photographie de mariage avec un équipement aussi sommaire. Aujourd’hui, je sais que c’est tout à fait possible. Les clients attendent surtout de beaux souvenirs et une implication de la part du photographe. Si vous connaissez bien votre matériel et savez l’utiliser à bon escient, vous serez en capacité de livrer un bien meilleur travail que si vous comptez exclusivement sur votre matériel.

2 commentaires sur “Réduire son matériel photo au strict nécessaire

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  1. Tu as raison Fred. Le professionnel devient maître de son organisation. Lechoix du matériel devient un réflexe () pour les tâches à accomplir qui sont souvent répétitives. Hors champ d’action très large et inattendu (ce qui était mon cas), nul besoin de se charger inutilement. Cela évite les frais et le renouvellement inutile et la perte de réflexes. Cartier-Bresson a fait toutes sa carrière avec un 50 mm sur son M3 ou 4…

  2. Bonjour Fred, tout à fait d’accord avec toi. Et nos cervicales te remercient de ces judicieux conseils. Car il est vrai que la tentation est grande de trop avoir pour finalement n’utiliser que deux, trois optiques vraiment incontournables. Mais qui sont toujours fonction de la pratique du photographe, la généralité n’est pas de mise dans ces domaines. Mon trio de choc, c’est le 24-70 L f2,8, le 70-300 is USM f4-5,6 (parfois avec un doubleur Kenko) et un 85mm f1,8 pour l’Eos 5D MarkIII et en second boitier, un Eos 70D, avec un 17-40 L f4, tout matériel d’occasion. Et selon la sortie envisagée, je ne prends pas tout (n’étant pas pro, je peux me permettre de tomber en panne), sauf que j’ai toujours un petit argentique avec moi pour ne pas rentrer complètement bredouille si jamais …
    Et je pense que la dame qui s’est adressée à toi à bien compris les enjeux.
    Portes toi bien et à bientôt

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