Grain is good

Janvier 2021. La situation est toujours tendue sur le plan sanitaire. Concernant les reportages, les signatures sont retardées. Je suppose que les futurs mariés attendent que l’horizon se dégage et ils n’ont pas tort. On aimerait y voir plus clair. La météo n’est pas non plus propice aux séances portraits en extérieur, les particuliers ne se bousculent pas. Malgré tout, je reste optimiste. L’activité mariage reprendra forcément un jour ou l’autre.

En attendant, comme j’ai plus de temps devant moi, j’en profite pour avancer sur des projets plus artistiques. Je sors régulièrement prendre des photos de la région en argentique. Cela fait du bien de photographier autrement et de pouvoir refuser de griller une vue. J’ai l’impression de travailler au ralenti. Par rapport à une journée de shootings ou de reportage, j’ai l’impression que le temps s’écoule plus lentement. C’est agréable. Le plus difficile, c’est de trouver l’inspiration dans un environnement banal. En ce moment, la brume matinale me facilite le travail. Le noir et blanc gomme l’absence de couleurs des paysages.

J’ai choisi cette image qui pourrait effrayer les puristes. Le grain est très marqué. « Grain is good » comme le disent nos amis américains. Je n’avais pas de trépied et la lumière était absente. Le résultat est souvent plus intéressant lorsque les conditions sont difficiles. Je n’ai presque rien eu à faire si ce n’est que d’appuyer sur le déclencheur. L’appareil et le film ont fait le reste. Parfois, les photographes débutants se triturent les méninges pour comprendre la technique d’un photographe. Et parfois, la réponse est toute simple : il fallait simplement y être et appuyer. Ici, l’ambiance correspond à ce que nous vivons tous en cette période. Il n’y a personne sur la photo. De prime abord, j’aurais aimé une présence humaine. Une silhouette fantomatique aurait été un plus. Mais aujourd’hui, je pense que c’est mieux ainsi.