Je suis prêt à reprendre mon activité photo professionnelle mais peut-être pas comme avant. Quand je fais le décompte, il y a encore trop de photos numériques par rapport aux photos argentiques. J’ai envie de produire plus de couleurs en argentique. Malheureusement, les reportages, tels que je les propose actuellement, ne peuvent se faire qu’en numérique. Douze à quinze heures de présence et environ 800 images remises aux clients, l’argentique n’est plus adapté à une production intensive dans le contexte économique actuel. Je ressens de la frustration d’avoir abandonné la Kodak Portra lors des séances portraits. Photographier en couleur argentique signifie un coût de production plus élevé qu’il faudra répercuter au client.

L’idée un peu folle d’une prestation exclusivement argentique me taraude. Depuis le début du confinement et la mise en sommeil de mon activité de photographe mariage, je tourne autour de la question. Je traîne plus longtemps sur les scans de mes photographies argentiques que sur les photos numériques. Les couleurs que j’obtiens avec le 5D sont bien mais ce qui me fait vibrer, c’est la couleur d’une Portra ou d’une Fuji Pro 400H. Même sur une pellicule basique comme la Kodak Gold, les couleurs explosent. La couleur argentique comme je la conçois n’intéresse peut-être pas tout le monde. Mon style de photographie est à l’opposé des couleurs légères de Jose Villa. Le pastel délavé ne correspond pas à mon goût. J’aime la couleur brute et dense.
Je suis en train de réfléchir à une nouvelle façon de travailler et donc à une nouvelle offre. Il faudra produire moins, c’est évident. Parce qu’en argentique, les coûts peuvent rapidement monter en flèche. Jusqu’à présent, je ne proposais que le noir et blanc sur pellicule. J’exposais une dizaine de TMAX ou HP5 pendant les temps forts du reportage. Tout le reste est assuré par les reflex numériques. Aujourd’hui, j’ai envie d’introduire la couleur argentique dans toutes mes prestations photos y compris mariages, quitte à mettre le numérique de côté. L’idée serait de shooter en argentique les plus beaux instants et tant pis pour les temps morts. Par contre, le tarif ne sera plus le même. L’achat des films et la sous-traitance du laboratoire vont alourdir la facture. Reste à espérer que mon offre intéressera les futurs mariés et les familles.
C’est un beau projet. J’imagine qu’il y a un public pour ça. J’imagine aussi que la clientèle qui recherche la qualité de l’argentique n’est pas la même que celle du numérique et qu’elle sera prête à payer plus et pour moins ce clichés. D’ailleurs, je me demande aussi ce que peut bien faire un client avec 800 photos d’un reportage … ça doit être l’enfer pour choisir …
Merci escampette. En fait, je renoue avec la photo de mariage comme je la pratiquais avant l’arrivée du numérique. Ce qui a changé, c’est à la fois les nouvelles tendances et les coûts en forte augmentation. Les futurs mariés veulent être suivis tout au long de la journée et s’attendent à récupérer des souvenirs de chaque instant. J’ai suivi le mouvement. On fait du reportage en continu, pas la photo officielle dans un studio avec un fond fleuri comme dans les années 80. Il faut être partout et à l’affût du moindre éclat de rire. Beaucoup posent la question fatale : combien de photos ? Ceux là ne se préoccupent pas du travail du photographe. On vends au poids. Ils ne m’intéressent pas.
Sinon personne, je dis bien personne ne recherche la qualité argentique. Les gens ne savent pas ce qu’est une pellicule. Le style plaît ou ne plaît pas. Le client se fiche de savoir avec quoi sont réalisées les images. Quand une future mariée me contacte en me disant c’est vous que je veux, j’ai vu votre portfolio en noir et blanc, j’adore vos images. Cela me suffit amplement. Seul le résultat compte.
Malheureusement, le coût d’une production en argentique est énorme. Il faut faire avaler la pilule en expliquant qu’ils auront moins de photos mais pour plus cher.