Personne n’est à l’abri d’une erreur en argentique, moi le premier. Il m’arrive encore de me tromper sur l’exposition, bien souvent par excès de confiance. Oui, il faut être un peu plus vigilent qu’en numérique. L’écran arrière est très utile sur ce point. En général, je fais un rapide contrôle à chaque prise. Les reflex Canon argentiques ont les mêmes modes d’exposition que leurs successeurs et permettent de vérifier comment est calée l’exposition. Mais parfois j’enchaîne les prises de vues alors que la luminosité n’est plus la même.

Cette première photo réalisée dans une salle d’exposition est correcte. J’avais pris soin de régler mon EOS 3 en mode manuel. Cela évite les erreurs de mesure du reflex trompé par les spots lumineux ou les zones très sombres en arrière-plan. Je fais mon réglage une fois pour toute et je m’arrange pour rester dans la même lumière à chaque fois. Si au fond de la pièce, la lumière devient plus faible alors je reprends la mesure toujours en mode manuel.

Dans ce deuxième exemple, j’ai photographié en mode priorité ouverture. Le boîtier se charge de régler la vitesse. Le problème est que je suis resté en mode d’exposition évaluative ( ou matricielle pour les appareils Nikon ), c’est à dire avec une mesure de la totalité du cadre. Or, le ciel est plus clair que tout le reste. Le reflex a pris en compte cette luminosité et a augmenté la vitesse. J’aurais dû exposer pour le bas de l’image. Il me suffisait de viser une zone sombre et de mémoriser l’exposition. Ce n’est pas dramatique. On distingue encore quelques détails au niveau du port et l’ambiance reste acceptable mais on est à la limite de ce que le film peut encaisser en sous-exposition. En numérique, ce serait moins problématique.

Les photos suivantes ont été trop sous-exposées. Elles ont été faites de nuit ou en intérieur sombre. Le grain est très visible et les noirs sont bouchés. Je n’ai pas apporté de correction sur mes scans. Ce n’est pas la peine. Augmenter le gamma ou rehausser la luminosité avec Photoshop ne ferait qu’empirer les choses. En argentique, il ne pas sous-exposer plus que nécessaire. L’idéal serait de se fixer un point de référence. Je me base très souvent sur la paume de ma main pour évaluer l’exposition. C’est pratique et simple à mettre en œuvre. Et dans d’autres situations comme pour la photo de la péniche, j’ai tout bêtement baissé l’exposition de 2 IL. C’était 2 IL de trop visiblement. Les films argentiques ne réagissent pas bien en sous ex. Tout le monde le sait. C’est du grand n’importe quoi et je n’ai aucune excuse. J’avais tout mon temps. Il suffisait de regarder dans le viseur ce que montrait l’indicateur d’expo. C’est aussi simple que ça.

Il faudrait s’imposer systématiquement un point de contrôle. Se dire par exemple que les zones les plus sombres ne devraient jamais être à moins de 2 IL. L’idéal est de se munir d’une cellule à main quand on ne sent pas à l’aise en photo nocturne. Mais bon, tout le monde ne possède pas cet accessoire. L’une des méthodes qui fonctionne bien en ville consiste à prendre la mesure près d’une source lumineuse comme une vitrine de boutique ou sous l’éclairage d’un lampadaire. Je place ma main dans la lumière et j’évalue l’exposition à l’aide de la mesure spot tout en appliquant une légère surexposition. Chaque photographe a ses petites habitudes. Moi, je travaille de cette manière.

En reportage photo, il est difficile de mesurer la luminosité ambiante de manière précise avant chaque prise de vue. On ne peut pas travailler comme dans un studio. Le photographe doit pouvoir avoir confiance en son boîtier. Je contrôle une fois de temps en temps mais je ne veux pas perdre des yeux mon sujet. Ce qui est néfaste en photographie argentique, c’est la précipitation. Pendant la cérémonie religieuse, dans la photo ci-dessous, j’ai profité d’un bref instant de pause pour photographier le couple devant l’autel. Mon reflex était chargé en Kodak TMAX P3200 et je n’avais pas vérifié l’exposition. L’image est enterrée. Elle ne sera pas retenue.

En résumé, ayez toujours un œil sur l’indicateur d’exposition dans le viseur. Exposez plutôt pour les ombres. Evitez de pointer votre objectif vers un ciel lumineux pour réaliser votre mesure. Utilisez la paume de votre main dans la lumière qui vous intéresse pour mémoriser votre exposition. Avec une méthode simple, vous pouvez facilement diminuer le nombre de photos ratées à cause d’une mauvaise exposition.
Pour le coup les 3 dernières photos que vous qualifiez de sous exposées dégagent une ambiance particulière que j’aime beaucoup . Même le grain ne me semble pas si dérangeant .
Merci beaucoup. Comme quoi, la photographie est aussi une histoire de goût. Personnellement, je pense qu’elles méritaient un peu plus de lueur.