
Je n’aurais jamais osé gâcher de la bobine de film pour photographier tout et n’importe quoi.
J’ai longtemps considéré qu’il fallait une bonne raison avant de déclencher, être face à un beau sujet ou tout au moins un sujet digne d’intérêt avant de griller de la pellicule. Même avec des pellicules à petit prix comme la Fuji Superia, l’Agfa XRG ou la Kodak Gold, je n’aurais eu l’idée de braquer l’objectif vers une porte de garage rouillée par exemple. Aujourd’hui, il m’arrive de succomber à la tentation, surtout quand il s’agit de pellicules périmées ou de films à terminer. Il y a vingt-cinq ans, je m’intéressais au paysage et à la photo de portrait sous une forme ultra classique, loin, très loin du style adopté par les jeunes générations d’aujourd’hui. Certains ont peut-être été influencés par le mouvement plasticien. Dans les portfolios Tumblr, les comptes Flickr et Instagram, on tombe parfois sur des bizarreries photographiques qui ne répondent pas aux codes de la photographie traditionnelle. Je découvre de plus en plus de photographes qui osent cadrer des objets du quotidien ou des lieux à l’esthétique étrange. Ce sont des images qui peuvent paraître sans intérêt à la première lecture : rideaux déchirés, savon oublié dans un évier, roue de vélo tordue dans la rue… Mais réunies dans une série, elles ont du sens. À force de les observer, on se laisse prendre au jeu. J’éprouve une certaine admiration pour ces jeunes générations capables de voir le beau dans ce qui en temps normal nous semble moche ou insignifiant. Depuis quelques années maintenant, je suis très intrigué par ce genre de snapshots. Ce qui est étonnant, c’est que beaucoup de ces images soient issues de photos argentiques.
Les photos de Isa Gelb et Oliver Liria.
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