J’essaie de photographier mieux en photographiant moins. Je pense que l’on peut améliorer son travail à tout âge. Ce n’est pas parce que l’on photographie depuis 25 ans que tout est acquis et que l’on ne doit pas chercher à progresser. Quand les reflex numériques ont fait leur apparition dans mon sac photo en 2002, le nombre de prises de vues a certes fortement augmenté mais la qualité n’était pas proportionnelle à la quantité. Je n’ai pas eu l’impression de faire mieux qu’auparavant sur le plan esthétique. Alors, j’ai ralenti. Je suis revenu au tempo de l’analogique.
Aujourd’hui, je veux laisser encore plus de temps à la réflexion avant de passer à l’action. Encore plus qu’hier, je suis convaincu qu’il faut s’interdire les déclenchements frénétiques en pensant que la loterie augmentera les chances de sortir le numéro gagnant. Personnellement, j’ai besoin de réfléchir et ressentir avant d’appuyer. L’argentique aide dans ce sens. Certaines photos prises en numérique comme en argentique sont techniquement réussies mais n’ont pas grand intérêt d’un point de vue artistique ou documentaire. C’est parce que je n’y avais pas mis du cœur ou alors parce que le moment choisi n’était pas le bon. La technique, c’est facile. Créer une émotion est bien plus difficile. Il ne faut pas uniquement penser à l’exposition ou la profondeur de champ. Le sujet doit être au centre de notre préoccupation à nous les photographes. En ralentissant le geste et en étant concentré sur l’instant, on arrive à produire de meilleures images. Enfin, c’est comme ça que je vois les choses.
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