Des prises de vues par centaines
Lors d’une séance portrait engagement ou même avec un modèle, un photographe équipé en numérique déclenche très souvent. Il veut assurer le coup en multipliant les prises et en diversifiant les angles, les cadrages et les points de vue. Il va répéter les actions tout en cherchant la bonne posture de son sujet ou la meilleure expression du visage. Au départ, les premières photos permettent aux couples qui ‘ont pas l’habitude de poser de se détendre. Puis, petit à petit, la confiance se met en place et les modèles trouvent leurs marques. Les déclenchements s’enchaînent. En fin de séance, il arrive que les tourtereaux oublient un bref instant qu’ils sont continuellement photographiés. Tout dépend du temps passé avec les personnes, des habitudes de travail du photographe, de son tempérament et de l’inspiration du moment mais le nombre de vues peut rapidement atteindre plusieurs centaines.
Développement des images numériques et argentiques
Après la séance photo, le travail du photographe n’est pas terminé. En principe, les images prises par un photographe professionnel sont enregistrées dans un format de fichier brut appelé RAW qui n’est pas exploitable directement et qui demande à être travaillé à l’aide d’un logiciel spécifique. Le photographe corrige la colorimétrie, les contrastes ou la netteté et applique parfois des filtres afin de marquer son empreinte. La sélection et le traitement des photos représentent une quantité de travail conséquente et le client n’en a pas forcément conscience. Le développement des images occupe autant de temps que la prise de vue si ce n’est plus. C’est ce qui explique aussi en partie les tarifs des photographes de mariage qui peuvent paraître élevés.
En ce qui me concerne, une partie de mes prises de vues est effectuée en argentique avec le plus souvent de la pellicule noir et blanc. Et en argentique, la problématique est sensiblement la même. Cela demande du travail au niveau du traitement de la pellicule et aussi de l’image. La seule différence avec une prestation numérique, c’est la quantité d’images produites. En général, pour une séance portrait classique, je consomme trois négatifs de 36 poses. Mais il faut pouvoir développer chimiquement les films avant de les numériser et de les imprimer. Je fonctionne de cette manière depuis 15 ans, et cela me convient parfaitement. Je préfère confier mes négatifs à un spécialiste qui saura gérer avec précision le développement du film. Moi, je m’occupe de la numérisation et des retouches Photoshop. Je ne peux donc pas remettre les photos au client du jour au lendemain.
Évidemment, comme je suis organisé ( il faut bien se lancer des fleurs de temps en temps ), une bonne partie du processus est automatisée. Un réglage type est automatiquement appliqué à l’importation des photos. L’opération permet de gagner du temps. Mais il reste toujours des retouches locales parce que la photo n’a pas été bien prise ou parce qu’un élément gênant vient perturber la lecture de l’image et je ne parle même pas des recadrages. Une centaine de photos argentiques à scanner et à améliorer via Photoshop représente une bonne journée de travail. Tandis que pour un reportage photo complet d’un mariage, il faut compter au moins deux jours de traitement. Avec un minimum de 1500 photos à sélectionner et à optimiser, n’espérez pas que le photographe les traite en un claquement de doigts.
Vous avez certainement maintes fois entendu des réflexion puériles sur le rôle du photographe et sa légitimité. Les idées fausses perdurent. C’est la faute aux autocuiseurs miraculeux et aux applications pour smartphones. Ils font de vous un talentueux chef de cuisine et un artiste photographe. Bon ok, le cadrage est merdique, les poubelles en arrière-plan sont trop présentes, mais les images magnifiques du téléphone sont partagées immédiatement sur Facebook.
La qualité avant la quantité
Tout cela pour bien faire comprendre aux commanditaires qu’une photo ne peut être livrée juste après la séance. Le photographe se doit de faire un premier tri, écarter les mauvaises images et procéder soigneusement à une sélection drastique. Personnellement, je n’hésite pas à mettre de côté les images qui me semblent moins bonnes techniquement ou qui ne mettent pas en valeur le modèle. Je préfère remettre une quantité limitée de photos et ne donner que le meilleur. De même qu’un photographe ne remettra jamais des fichiers non travaillés aux clients. Je le précise parce qu’il arrive que des personnes pressées réclament les fichiers images bruts au photographe. L’un de mes confrères en a fait l’expérience suite à un anniversaire de mariage. Pour moi, c’est irrecevable. Vous demanderiez à un chef d’un restaurant de vous apporter les ingrédients d’un plat choisi sur la carte afin de les cuisiner vous-même ? Le travail de retouche est la prolongation de la prise de vue. Elle fait partie d’une prestation globale. C’est de cette manière que le photographe a la possibilité de se différencier des autres photographes. Le style d’image travaillé sur ordinateur détermine la marque de fabrique du photographe autant que son style photographique. Certains présentent des images hyper-claires presque évanescentes. D’autres préfèrent une densité des couleurs plus importante. Une photo brute sortie du boîtier corrigée par une tierce personne n’aura absolument pas le même rendu et donc pas le même style. Non, le photographe doit fournir un produit fini sinon pourquoi ne pas louer le matériel et appuyer sur le bouton vous-même ?
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