J’ai l’impression que pour beaucoup de photographes, le noir et blanc sert à rattraper des photographies ratées. La photo de la jolie demoiselle d’honneur en train de saisir le bouquet lancé par la mariée aurait pu enrichir le portfolio mariage. Malheureusement, elle est mal exposée, les zones brûlées dénaturent le visage de la chanceuse. Tant pis, on les convertit en noir et blanc. On n’y verra que du feu.
Je trouve dommage de ne pas mettre la couleur et le noir et blanc sur un pied d’égalité. La version monochrome ne devrait pas être considérée comme une sous-catégorie mais comme une valeur ajoutée à votre travail, surtout pour les photographes de mariage ou portraitistes.

Bien souvent, c’est à cause d’une sensibilité ISO trop poussée que les images sont ramenées en noir et blanc afin de dissimuler les couleurs désastreuses. C’est la raison pour laquelle, dans les portfolios de mariage, vous voyez plus de scènes nocturnes ou d’intérieur en noir et blanc. Si une photo méchamment bruitée mérite de figurer dans un book et que le seul moyen de sauver l’image est de basculer en noir et blanc, alors oui il ne faut pas hésiter. Parfois le noir et blanc peut sauver un instant magique pris à la volée sans précaution.

Basculer en noir et blanc dès la prise de vue ou devant l’écran de l’ordinateur ?
Je suis certain que vous n’anticipez pas le noir et blanc pendant la séance portrait. Vous soignez le cadrage, êtes attentifs à la pose du modèle et pensez à l’exposition. Mais jamais vous vous dites : « Cette photo là, je la veux en noir et blanc ! ». C’est un tort. Je pense qu’il ne faut pas attendre l’editing sur son ordinateur pour se poser la question du noir et blanc.
Pourquoi ne pas essayer de travailler directement en noir et blanc à l’aide du boîtier ? Le mode monochrome du reflex numérique permet de vérifier si l’image fonctionne bien en noir et blanc et de se faire plus ou moins une première idée des nuances de gris ( à condition bien sûr de pouvoir apprécier un tant soit peu la qualité de l’image à l’aide de l’écran arrière. ). En utilisant le format RAW, on pourra toujours revenir à la couleur par la suite. Si le rendu est plaisant sur le boîtier du reflex, on a alors plus de chances d’obtenir un portrait noir et blanc réussi en post-production. Le noir et blanc ça se travaille.

Quitte à faire du noir et blanc, autant le faire bien. Quand je travaille le noir et blanc numérique, j’essaie de m’appliquer de la même manière que je le fais en argentique. Mon objectif est de proposer une série cohérente dans le rendu et agréable à regarder. Le noir et blanc ne doit pas être un second choix ou juste une désaturation des couleurs et encore moins un prétexte pour rattraper toutes les erreurs de la prise de vue.
En ce qui me concerne, je sélectionne les photos couleurs qui me semblent réussies et qui présentent un intérêt en noir et blanc. Au moment de la prise de vue, je regarde la qualité des contrastes et je suis attentif à l’exposition. C’est très important. Quand la lumière n’est pas bien exploitée, le rendu monochrome ne peut pas être bon. Les gris sales n’ont rien en commun avec le vrai noir et blanc classique. Il arrive que le choix entre la version monochrome et la version couleur soit délicate. C’est pourquoi je pense qu’il est intéressant de doubler les prises avec des points de vue différents ou des focales différentes par exemple et d’en conserver une en couleur et de convertir l’autre en noir et blanc. C’est une idée …
Super comme dab
A+ Patrick
Merci Patrick.