Cela fait plusieurs semaines que je n’ai pas arpenté les rues armé d’un boîtier argentique et une pellicule noir et blanc. J’ai fait une tentative il y a quelques jours avec un Canon argentique et une pellicule TMAX. Je n’ai pas su saisir la moindre scène même la plus banale. Je n’ai plus l’inspiration quand je pratique la « street ». Mais ce n’est pas la première fois que je perds le goût de photographier ce qui se passe dans les rues. Déjà, il y a quelques années, je sentais que la photo de rue m’ennuyait avant de m’y remettre progressivement grâce à la lecture de blogs photo comme Petros Kotsabasis ou ESCHÖN. Pourtant, j’apprécie toujours autant les photos des autres et surtout celles des grands maîtres. Je m’intéresse aussi aux travaux personnels de mes contacts comme Vincent Montibus ou Thomas Benezeth qui continuellement parviennent à trouver de nouveaux sujets intéressants. Il me suffit d’ouvrir un livre de Bernard Plossu, de Brassaï ou de Raymond Depardon pour illuminer mon visage. Mais personnellement, je ne suis plus dans la course.

J’ai toujours envie de pratiquer le noir et blanc argentique dans la rue car le médium me passionne et les nuances de gris d’une pellicule exposée dans une belle lumière m’enivrent. Je crois que je perds le fil une fois sur le terrain. Je ne ressens plus les choses comme avant. À part la lumière, rien ne provoque en moi l’envie de déclencher. Il m’est plus facile de me concentrer sur un thème précis comme la couleur urbaine par exemple. Mais la rue, je ne la vis plus comme avant. Comme le disait mon ami Patrice Cotteau, fin connaisseur de la photographie argentique : » Ici, ça me paraît fade et sans grand intérêt, sauf à faire des choses qui ne me concernent pas. J’essaie toujours de trouver un peu d’humour, d’ironie ou de poésie et ça ne court pas les rues de Paris… «

Peut-être que si j’allais un peu plus loin dans ma démarche, je pourrais à nouveau ressentir les vibrations de la photo de rue. Peut-être qu’en m’extirpant du réel, en choisissant un style plus extrême avec des flous accentués et des cadrages qui désorientent le lecteur, je retrouverais de l’appétit à photographier dans la rue. À voir …
Photographies noir et blanc disponibles à la vente. format A4 = 35 €.
Salut Fred, je crois que j’en sors. De la stérilité photographique ! Je consulte des sites étrangers (surtout américains car ils sont les rois de la rue) et j’ai pigé. Il n’y a rien de sorcier. Même la mise au point peut être à peu près. Quant à l’expo elle est un peu au pif si on oublie qu’on vient de passer d’une zone éclairée à une cave. Finalement, reste le feeling. « Si tu la sens, elle est bonne ! » C’est surtout la photo de rue. Je l’appelle photo instinctive, réflexe. Il faut pour cela bousiller de la péloche. Ca a qq chose d’un traitement psychologique. Ca rassure (« Je peux le faire aussi »). Au final ça ne doit parler qu’à ceux qui sont concernés. De l’art ? Alors par hasard.
Je suis passé d’une mise au point à 2 mètres à une mise au point à 1 mètre… la profondeur de champ fait le reste (ou pas…). Winogrand devait ainsi soigner un problème psy… Il ne faut pas se laisser entraîner sinon on fait 5 bobines par jour (et encore…). J’ai pigé. A n’utiliser qu’en traitement local.
Essaie un jour, mitraille à tout va ! Ca calme, ça rassure même si ça ne donne pas grand chose au final vu le déchet. Courage, Fred !
Je traverse aussi une phase difficile. Je ne parviens plus à rien. Certainement parce que je tente de réorienter ma pratique. En tous cas je continue de te lire et j’espère que tu réussiras à y prendre plaisir de nouveau! Amicalement, Baptiste.
Merci beaucoup pour ton témoignage. On se sent moins seul.