Je me suis rendu compte que le terme argentique ne signifiait plus grand chose auprès du grand public. Il fallait que cela arrive un jour. Les pellicules ont disparu des rayons des grandes surfaces depuis longtemps et une partie de la nouvelle génération n’a encore jamais été en contact avec un procédé argentique. Une personne assez jeune m’a avoué avoir cherché la signification du mot dans un dictionnaire avant de poser devant mon objectif. Bien sûr, ce n’est pas le cas de tous les trentenaires. Une niche autour de la photo argentique s’est formée. Mais le procédé commence à faire parti d’un temps révolu dans la tête de beaucoup de personnes même parmi les plus de cinquante ans. Le mot argentique est à l’évidence sorti du vocabulaire courant. C’est comme ça.

Du coup, je n’hésite plus à sortir un appareil ancien du sac photo quand je suis en rendez-vous client. Si les futurs mariés s’intéressent aux prises de vues à l’ancienne, il est utile de montrer les vieux reflex ou le format carré que j’utilise actuellement en portrait famille. Un Rolleiflex fait toujours sensation et les 24×36 du type Nikon FM2n rappellent parfois de bons souvenirs aux grands parents.
Personnellement je continue à employer le terme « argentique » pour conserver la difference avec le « digital », l’appelation à » l’ancienne » pour moi, pouvant être assimilé à une technique de traitement de l’image numerique… j’ai eu par experience récente, à prendre des clichés de competitions « seniors » de Shuffle-Board (sport de glisse Nord-Americain assez proche du Curling qui se joue sur un parquet ou une surface cirée ) confronté immediatement aux hesitations de certains participants qui craignant de se retrouver sur Fbook refusaient la prise de photos… J’expliquais alors ma demarche argentique artistique en noir et blanc avec un film 24×36 dans un projet d’expo sur les loisirs associatifs des Seniors… changement radicale d’attitude de tous les participants: le photographe « paparazi » colporteur d’images incontrôlées et accessibles à tout un chacun sur la toile, redevenait à leurs yeux le magicien de l’image authentique, le conservateur de memoire, l’anti-thése du debordement anarchique des utilisateurs de smart phones, mitraillant et extirpant à tout vas des images incontrôlables. .. le mot perdu « argentique » revenu en memoire de ces seniors me redonna en quelques instants les faveurs du Monsieur Photographe, celui d’avant les années 2ooo, celui des mariages, des vacançes à la mer, des photos de famille et de celles qu’on expose dans la vitrine…Bref je n’etais plus le gêneur et pu tranquillement derouler mes 36 poses dans le calme et la sérénité retrouvée… Moralité: Argentique reste et restera mon sauf conduit dans mes rencontres photographiques…Alphilge
Merci pour ce témoignage Alphilge. C’est un régal de vous lire !