A chaque fois que je donne un cours photo, la problématique du noir et blanc avec un reflex numérique revient sur la table. C’est normal, le noir et blanc attire toujours autant les passionnés de photographie. Les nouveaux possesseurs d’un Nikon D3300 ou d’un Canon EOS 760D que j’ai rencontrés récemment aimeraient pouvoir comprendre en quelques heures les subtilités du mode monochrome. Malheureusement, maîtriser le noir et blanc demande un peu plus de temps que le principe de la profondeur de champ par exemple. Lorsque l’on travaille sur les bases de la photographie et sur les réglages d’un reflex, il est difficile de traiter en plus le noir et blanc de façon exhaustive en moins de trois heures.
La question du noir et blanc avec un reflex numérique mériterait d’être étudiée en profondeur et devrait faire l’objet d’une formation complète, de la prise de vue au développement jusqu’au tirage. Parce qu’il ne suffit pas de paramétrer un réglage rapide et universel dans les menus du reflex pour obtenir à chaque fois un beau noir et blanc. Cela ne marche pas à tous les coups. Tout dépend de la qualité de la lumière, du contraste, de la température de la couleur et de votre façon d’exposer.
En fait, il faudrait pouvoir adapter les filtres de couleur et le niveau de contraste pour chaque type de vue. Mais cela deviendrait vite difficile à gérer sur le terrain. En numérique, c’est un peu plus compliqué qu’en argentique.
Les petites astuces à l’intérieur du menu du contrôle des couleurs ne sont donc pas applicables à toutes les photos, idem concernant les méthodes de conversion dans Lightroom. Je dois avoir au moins une trentaine de recettes maison dans les paramètres prédéfinis et parfois aucune d’entre elles n’est satisfaisante. Par contre, s’il y a bien une méthode qui fonctionne assurément c’est la photo de nuit. La nuit facilite le noir et blanc.
Comme je l’explique à chaque fois pendant les cours photo en individuel, l’idéal reste tout de même de réaliser les prises de vues en RAW et de prendre le temps de trouver un bon dosage du mélange des couleurs dans Lightroom par exemple. Évidemment cela nécessite aussi un apprentissage logiciel et un minimum de connaissances en colorimétrie. Un photographe débutant motivé qui a déjà pratiqué la photo avec un reflex devrait pouvoir s’en sortir en quatre heures seulement de stage. Charge à lui ensuite de s’entraîner sur le terrain et à essayer plusieurs méthodes de conversions. Le rendu des nuances de gris dépend aussi du matériel, mais pas seulement. Il sera d’autant plus convaincant si le photographe a bien compris le sens de cette écriture photographique et comment s’exprimer en noir et blanc. Une bonne maîtrise de la lumière est essentielle. De plus, il faut être capable de voir en noir et blanc avant de déclencher.
C’est pour cela que je ne veux pas laisser de faux espoirs à mes élèves en leur faisant croire qu’ils sauront faire de bonnes photos noir et blanc immédiatement après un cours de 3H00. Je peux enseigner les bases et orienter le photographe débutant sur une méthode de travail ou une autre. Mais dans tous les cas, il faut absolument pratiquer souvent et intensément. Les personnes curieuses et tenaces qui passent du temps à lire la presse spécialisée, à consulter les tutos et s’exercer continuellement vont immanquablement progresser. Ne prenez pas pour argent comptant tout ce qui est dit dans les blogs et surtout les forums. Il faut faire le tri dans tout ce qui est avancé sur le net. Le nombre de blogueurs ou photographes néophytes qui prétendent vous enseigner le noir et blanc en deux ou trois coups de cuillères à pot est effrayant.
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