Je m’étais promis de ne plus défendre l’argentique bec et ongles . Mais j’entends tellement d’absurdités autour de la pellicule que je me sens obligé de réagir. Je réponds surtout aux vieux cons de mon âge qui ne voient que les mauvais côtés de la photo argentique et pas ses qualités pourtant indéniables sur le plan artistique. Les jeunes, eux, ne sont pas aussi réfractaires. Les vieux critiquent l’argentique sans vraiment en connaître toutes les possibilités techniques et créatives. Ils se contentent de comparer inconvénients et imperfections classiques de l’argentique aux qualités d’image et prouesses technologiques du numérique.
Personnellement, j’adore le numérique. J’aime cette liberté de saisir des instants partout et tout le temps – chose que je ne fais plus en argentique. J’apprécie aussi la qualité d’image de certains boîtiers. Mais pour moi, la photographie ne se résume pas à de la haute définition et cela m’énerve quand je lis ou j’entends les ignorants s’exprimer sur le sujet en faisant un procès à charge contre l’argentique. Les clichés ont la vie dure.
Le monde merveilleux de la photo argentique
Quand on se lance dans la photo argentique, on découvre plein de choses aussi fascinantes que curieuses. On découvre notamment de multiples modèles et formats d’appareils photo aux formes étranges et grossières ou au contraire ergonomiques et bien définies. Certains boîtiers argentiques comme les reflex autofocus Canon et Nikon ressemblent de très près aux reflex modernes. Les façons de capturer l’image peuvent surprendre. Cependant, manipuler un ancien boîtier en métal s’apparente aussi à un jeu. C’est tout de même plus amusant d’être aux commandes d’un Pentacon Six ou d’un Zeiss Ikon Ikoflex II que d’utiliser un téléphone.
La façon de prendre une photo varie en fonction du type de boîtier et dans certains cas cela n’a rien à voir avec le numérique. La visée, la mise au point, les réglages de vitesses et de diaphragmes peuvent désorienter le néophyte. Mais on s’y fait très vite. La prise de vue est encore plus ludique quand on possède du tout mécanique. D’ailleurs, beaucoup choisissent de photographier en argentique pour le plaisir de sentir la mécanique et pas seulement pour le rendu de l’image.
L’explosion des couleurs
On découvre aussi des pellicules aux qualités et spécificités bien différentes. Les unes répondent bien aux lumières de l’été et sont idéales pour le paysage. D’autres sont parfaites pour le portrait et restituent les teintes de la peau avec précision. Des typologies de films, on en trouve encore beaucoup en vente dans les boutiques comme Nation photo ou Négatif +. Il existe même des pellicules conçues pour un type d’éclairage particulier : la photo de nuit sous un éclairage urbain par exemple.
L’une des caractéristiques fort appréciables de la photo argentique est la qualité des couleurs. Les tonalités peuvent être soit denses et chaudes soit douces et tout en nuances. Même si elles ne sont pas toujours fidèles à la réalité, les couleurs éclatantes et saturées de certaines pellicules peuvent faire pâlir les Photoshopeurs.
L’avantage avec les pellicules couleur, c’est qu’elles possèdent leur propre balance des blancs. certaines favorisent les tons chauds orangés et d’autres semblent très neutres. À force de photographier en argentique, on reconnait les caractéristiques de telle ou telle pellicule. On peut donc faire son marché aux films frais ou périmés en fonction de ses goûts.
La simplicité
Lors d’un cours photo, une de mes élèves s’émerveillait des performances technologies des appareils photo numériques actuels. Pour elle, la photo d’autrefois devait être compliquée sans l’aide d’un autofocus à détection des visages ou le soutien d’un mode de suivi en continu. Or, c’est l’inverse. Photographier en argentique est bien plus simple qu’en numérique.
Avec sa jungle de fonctions peu pertinentes et ses paramétrages obscurs, l’APN moderne est parfois compliqué à manipuler et le manuel de 500 pages reste souvent indigeste. Avec un appareil argentique, vous vous contentez de régler la vitesse, l’ouverture et la mise au point. Le reste, c’est du superflu.
Réactivité
Si vous aimez la photo de rue ou le reportage, la photographie argentique est tout à fait appropriée, surtout avec un télémétrique ou un reflex autofocus. Grâce au mode manuel et à l’hyperfocale, vous ne perdez pas de temps avec des réglages complexes et difficiles d’accès. Avec un simple 24 x 36 grand public et un objectif fixe, la street photography devient un jeu d’enfant. Le photographe ne s’occupe que du cadrage et du déclenchement. Par contre, avec un appareil Moyen Format, un reflex non-autofocus, il faut réarmer la pellicule entre chaque vue. Mais cela n’a jamais empêché les Cartier Bresson et les Winogrand d’exercer leur art.
Je reviendrai sur les aspects positifs de la photo argentique une autre fois. J’essaierai de ne pas me montrer trop subjectif ni d’être de mauvaise foi. Les arguments sont nombreux en faveur de la photo argentique mais il ne faut pas non plus trop en faire. Les images, les exemples de prises de vues argentiques valent plus que les mots. Il faut à la fois savoir vivre avec son temps et profiter des belles inventions du passé juste pour le plaisir de pratiquer et non pour épater les copains ou s’afficher fièrement avec un vieil appareil juste pour paraître cool.
Blog d’un photographe passionné d’images sur pellicule. Quelles pellicules pour la numérisation ?
Noir et blanc Rockabilly
Archives argentiques – Canon EOS 3 – Kodak TMAX 400
Une impression de déjà-vu
Scan d’un négatif noir et blanc 135. Fomapan 400 et Canon EF 24 mm L.
L’éternel débat entre le numérique et l’argentique. Pour moi c’est une discussion inutile. Autant comparer des pommes et des poires. Si tu es capable de toucher, de donner de l’émotion avec une photo, et de manière répétée, alors là tu a gagné, quelque soit le moyen utilisé. Si la séquence d’arrivée de l’argentique et du numérique avait été inversée, je suis convaincu que Cartier-Bresson aurait toujours été Cartier-Bresson, Eugene Smith aurait toujours été Eugene Smith et Winogrand aurait toujours été Winogrand. On trouve des merveilles (et je pèse mes mots) faites avec une boîte et un trou il y a 70 ans et plus et de la daube faite avec une technologie 1000 fois plus puissante (si c’est pas plus) que celle qui a amené l’homme dans l’espace. Pour moi le débat et là. Bon, je vous laisse, je dois aller retourner ma cuve Paterson 😉
PS: tes photos sont superbes Fred.