La « photographie de rue » réunit en un seul exercice tous les aspects de la photo et en cela c’est une très bonne école. Quand on souhaite saisir des instants de vie par exemple, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans la réussite d’une photo . Il faut apprendre à détecter le sens et la qualité de la lumière, savoir choisir un bon point de vue et mettre en valeur le sujet. Et en plus il faut parfois apprendre à cadrer vite et bien. Ensuite, l’idéal est de pouvoir prendre le temps d’analyser ses images chez soi au calme et noter ses erreurs en vue de les corriger la fois suivante.
Si on parvient à gérer tous ces paramètres en photographie de rue, alors on est mieux armé pour couvrir un événement familial comme les anniversaires, un mariage ou même les photos de vacances. Lors des cours photos, on me demande très souvent pourquoi les photos du petit sont complètement ratées ou simplement quelconques. Bien sûr, le manque de connaissances techniques est généralement en cause. Mais parfois il suffit de peu de choses pour améliorer ses photos de famille. La plupart du temps, le seul fait de se placer au bon endroit ou d’attendre le bon moment fait toute la différence.
De plus en plus de jeunes photographes ont envie d’apprendre la photo de rue et me demandent conseil. Je leur recommande vivement d’ouvrir les livres des grands noms de la photographie contemporaine et d’essayer de comprendre pourquoi telle ou telle image interpelle le regard. Il faut surtout exercer son œil et s’intéresser à son sujet. La technique n’est pas très importante. Une fois que l’on a trouvé sa méthode et son style, il faut photographier avec son cœur. Ensuite, c’est une question de répétition du geste. Le moment du déclenchement est crucial, le choix du placement aussi. Il n’y a pas de règle, mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut pratiquer souvent et longtemps et avoir un regard critique sur son propre travail.
Je ne suis jamais totalement satisfait de mes photos de rue et je n’arriverai sans doute jamais à la cheville d’un Bruce Davidson ou d’un Raymond Depardon mais j’éprouve beaucoup de plaisir à sillonner les rues et les ruelles de la ville, un 24×36 à la main. Et quand je regarde dans le viseur, toute ma concentration se porte sur la scène et je vis l’instant de manière intense. Je pense que la recette est là, prendre plaisir à photographier dans la rue en faisant intervenir tous ses sens. Certaines photos sont plus faciles à prendre que d’autres mais je crois qu’il ne faut pas se freiner.
Par contre, chacun devrait photographier en tenant compte de sa personnalité. Si vous redoutez l’attaque frontale, ne vous forcez pas. La photo de rue ne doit pas être considérée comme une performance. Vous pouvez tout aussi bien montrer l’environnement urbain en plan large tout en incluant l’humain, saisir des instants de vie au vol avec une longue focale, réaliser des portraits d’inconnus avec qui vous avez sympathisé ou encore jouer avec la lumière et les ombres qui découpent la ville. Il existe tellement de manières d’appréhender la photo de rue, vous finirez bien par trouver votre distance et votre façon de traiter le sujet. Ce qui compte, c’est l’implication et l’application.
Même si on ne révolutionnera pas le genre, il y a toujours moyen de réussir quelques prises de vues qui sortent de l’ordinaire. Le seul souci, c’est qu’il faut en prendre beaucoup. La photo de rue est un exercice difficile et le facteur chance pèse dans la balance. Personnellement, j’attends toujours la bonne photo.
La photographie de rue expliquée par un œil averti et un cœur sincère.
Bien dit ! J’ajouterais comme conseil de prendre de bonnes chaussures. Cela influe beaucoup sur notre patience 😉
De plus, pour les Lillois, Euralille est mon terrain de chasse favori : il s’y passe beaucoup de situation insolite.
Effectivement, une bonne paire de chaussures, c’est le bon conseil. Au plaisir de te rencontrer sur ce terrain de jeu urbain. A bientôt.