Photographie de rue en noir et blanc – avec quel matériel ? La nouvelle donne

Je ne veux donner aucune leçon à personne en ce qui concerne le choix d’un appareil photo. Tout est possible, tout est envisageable. Certains se sentiront à l’aise dans la rue avec du matériel photo imposant, alors que d’autres préfèreront la discrétion ou la simplicité. J’ai même lu quelque part un photographe expliquer qu’il employait un trépied dans la rue, un stratagème pour ne pas être soupçonné de voler des instants de vie et faire croire à de la prise de vue architecturale. Je pense qu’il n’y a pas de règle en la matière. Le tout est de savoir si on se sent bien avec tel ou tel appareil, si on y trouve du plaisir à l’utiliser et si l’efficacité est au rendez-vous. Et ce qui me concerne, je m’interroge sur la façon de pratiquer la photo de rue autrement. Les dernières nouveautés apparues sur le marché des appareils photo offrent-elles de nouvelles perspectives ?

Instant de vie dans la rue - Photographie noir et blanc argentique
Canon EOS 3 – 50 mm et pellicule Rollei Retro 100

Tout le monde n’a pas la même approche de la photographie urbaine et tout le monde n’a pas la même audace. Les uns photographient au plus près de leur sujet, vont au contact avec un grand angle. les autres prennent leurs distances en utilisant une longue focale. Vous avez des photographes qui aiment prendre leur temps en laissant venir les acteurs de la rue entrer dans le cadre et d’autres choisissent l’instinct, la rapidité d’action. On devrait peut-être choisir un appareil en fonction de notre personnalité et pas seulement en fonction des performances matérielles. En tout cas, il faut arrêter de croire qu’il faut absolument être suréquipé pour pratiquer la photo de rue.

Numérique ou argentique ?

Bien que l’on s’approche de l’outil idéal avec les dernières avancées technologiques des répliques argentiques tels que les Fuji X100s ou Nikon Df, ce genre de matériel n’est pas indispensable pour réussir de bonnes photos en noir et blanc dans la rue. Des photographes amateurs et talentueux affichent des photos de rue étonnantes et très réussies avec un reflex numérique ancienne génération ou même en argentique comme Vincent Pruchon avec un Canon EOS et un grand angle de 20 mm.

Je suis même certain qu’il existe encore des fans du moyen-format argentique toujours très actifs dans la rue comme le fut Vivian Maier. Après tout, pourquoi ne pas envisager la photographie urbaine avec un Yashica Mat ou un Minolta Autocord ? Ces appareils ne sont pas uniquement destinés à la photo pépère ou à servir d’objets de collection. Et les images produites avec ces appareils ne déméritent pas face aux méga pixels des Nikon, Canon et autres grandes marques. On prend bien des scènes de rue avec un téléphone mobile alors pourquoi ne pas utiliser une boîte en métal dotée d’une manivelle ?

Photographe noir et blanc - Lille - Englos - Lambersart - Hellemmes - Ronchin - Watrelos - La Madeleine - Tourcoing -
Numérique Sigma DP1 Merrill

Il y a encore quelques temps, je vous aurais dit que je préférais de loin l’utilisation d’un appareil argentique dans le cadre strict de la photographie de rue et ce sans réfléchir. Aujourd’hui, c’est différent. Après avoir testé des boîtiers atypiques comme le Sigma DP1 Merrill et son grand angle, je me rends compte que l’aspect esthétique et le rendu du noir et blanc comptent un peu moins dans ma production d’images de rue. Maintenant, j’aimerais explorer de nouvelles situations, des prises de vues originales et trouver un nouveau regard sur la vie urbaine. Cela signifie produire davantage d’images et prendre plus de risques. Un numérique serait le bienvenu dans ma sacoche.

Rollei Retro 100 et Canon EOS 30v - Photographie de rue - Belgique noir et blanc argentique
Reflex argentique Canon EOS 30v

L’inconvénient avec le numérique, c’est la conversion en noir et blanc. Tous les APN ne sont pas logés à la même enseigne. A part quelques exceptions, le noir et blanc doit être conçu à postériori sur un ordinateur. Et les résultats ne sont pas toujours convaincants. Alors qu’en argentique, le résultat est immédiat. Il suffit juste de choisir une émulsion qui vous convient. Ce qu’il me faudrait, c’est un appareil capable de produire directement un beau noir et blanc à l’ancienne similaire à une Kodak Tri-X, une TMAX ou une Ilford HP5 sans devoir me farcir des heures de retouche dans Lightroom, DXO ou je ne sais quel logiciel de torture. D’ailleurs, si je pouvais shunter l’étape postproduction, j’en serais très heureux.

street photographer - B&W analog camera - France

Reflex ou compact ?

Personnellement, je ne pourrais pas parader dans les rues avec un Nikon D4 et un 70-200 autour du cou. D’abord, je n’en ai pas les moyens, ensuite cela ne me correspond absolument pas. Je préfère largement utiliser un un reflex Canon amateur des années 90 et passer pour un touriste. Les Canon 6D et Nikon D7100 Nikon D610 sont très efficaces avec leur capteur plein format et offrent la même sensation qu’un argentique 24 x 36, mais le prix reste excessif à mes yeux. Quant à la gamme expert, je ne trouve pas l’outil idéal et la conversion imposée par les capteurs oblige à investir dans des objectifs adaptés.

Du côté des compacts, le manque de réactivité de certains produits même chers me gêne beaucoup. C’est déprimant de mettre des centaines d’euros dans une machine qui met en temps fou pour sortir de veille ou juste pour effectuer la mise au point. Avec un 24 x 36 argentique à moins de 100 euros du type Olympus OM1, l’appareil est toujours disponible et la zone de netteté est déjà prête avant même de mettre l’œil au viseur grâce à l’hyperfocale. A moins de faire des concessions, cela ne vas pas être facile de retrouver l’efficacité d’un Konica Hexar, un Nikon 35 Ti, un Ricoh GR 21, ou un Contax G2.

Si vous avez des suggestions, je suis preneur.

Photo de rue avec négatif HP5 PLUS et 24 x 36 argentique mécanique

11 commentaires sur “Photographie de rue en noir et blanc – avec quel matériel ? La nouvelle donne

Ajouter un commentaire

  1. Bonjour! Intéressant ton article. J’ai un peu de mal à faire de la photo de rue en numérique avec mon D90. Bien qu’orienté amateur ce reflex reste trop imposant à mon goût. Je lorgne sur le Ricoh GR beaucoup plus discret en numérique. A moins que je ne fasse des essais en argentique avec mon F3.
    Bon dimanche 🙂

    1. Je te remercie pour cette proposition. Effectivement, les Ricoh GR sont depuis longtemps reconnus comme étant de bons compacts experts et les noir et blanc que l’on peut en tirer ont un beau rendu.

  2. A noël, je me suis acheté un Fuji X-E2 avec son 18-55mm F2.8-4
    Mais je réfléchi pour une optique fixe pour la photo de rue, pas simple. Je vais opter pour l’instant pour une bague adaptatrice Pentax K
    ps : « Les Canon 6D et Nikon D7100 sont très efficaces avec leur capteur plein format »
    pour le Nikon une petite erreur, plutôt D600 ou D610 pour le plein format

    1. Bonjour Dominique.

      Je te remercie de ta suggestion mais je n’ai pas les moyens d’investir un tel prix juste pour un complément d’équipement. L’APN devra juste servir en second après l’argentique.

  3. ricoh GR, qui reprend la philosophie des GR argentiques. J’apprécie mode Snap, focale 28 avec cro 35 mm, 47 mm. Mais une fois tiré sur baryté je ne retrouve pas tout à fait le rendu du nb argentique (moins lumineux, gamme de gris moindre…), même après avoir convertis avec dxo films. D’ailleurs j’envisage de rebasculer en argentique…

  4. Très bon article. J’adore la 2ème photo de l’article, et suivie par « : Numérique ou argentique » elle est encore plus humoristique. Moi, je n’ai pas encore pratiqué l’argentique, même si j’aime les « vieux » objectifs et leurs rendus. En à peine 3 ans de découverte de la photo, j’ai photographié uniquement en numérique et j’aime beaucoup l’étape post-traitement. Donc je suis loin encore d’avoir explorée bien des choses! Je suis contente de mes hybrides que je trouve d’un bon rapport qualité-taille notamment lorsque je pratique la photo de rue.

  5. Bonjour Fred, chouette billet comme d’habitude. Quand tu dis qu’il faudrait choisir son appareil en fonction de sa personnalité je suis 100% d’accord avec toi; j’ai noté cela en utilisant tantôt le Leica M3 (pour une approche plutôt tranquille) et le Fuji X Pro-1 lorsque je suis plutôt speed. Pour un traitement Tri-X 400 sous Lightroom, il
    y a le très bon DxO Filmpack 4 que je viens de découvrir et qui donne un chouette résultat.

  6. Bonjour. Je découvre votre blog en flânant sur le Net. Très sympa. Pas étonnant de la part d’un gars du Nord. Je suis un adepte de l’argentique et dans la rue. Continuez, je vous suis… Ozipp93

  7. bonjour, pour ma part je pratique ma passion aujourd’hui avec un boitier pentax KM ou j’utilise souvent un zoum 14/55 a ouverture fixe, mais aussi d’ ancien objectifs monture K du temps du P30.On est toujours tenté par le matériel haut de gamme c’est normal, mais ce n’est pas l’appareil qui prend la photo, c’est vous. De mes clichés les plus intéressent ont parfois étaient pris avec un compact ou un téléphone portable
    car ce qui importe dans la photo de rue c’est avent tout le contenue.Le meilleur appareil est celui que l’on connait le mieux, le reste étant une affaire d’affinités.

  8. Bonjour,
    « L’inconvénient avec le numérique, c’est la conversion en noir et blanc. Tous les APN ne sont pas logés à la même enseigne. » ce qui est également le cas en argentique, sinon il n’existerait qu’une seule pellicule. 😉
    Pour ma part, j’ai arrêté de penser à la discrétion, comme tu le dis: « Les uns photographient au plus près de leur sujet, vont au contact avec un grand angle. les autres prennent leurs distances en utilisant une longue focale. » autrement dit, les 1ers seront visibles quelque soit leur appareil et les seconds seront cachés quelque soit leur appareil, à partir du moment où on porte un appareil à son oeil et devant soi pour viser on n’est déjà plus discret pour les gens autour.
    De même pour « la zone de netteté est déjà prête avant même de mettre l’œil au viseur grâce à l’hyperfocale », qui peut aussi se faire en numérique. A force d’avoir tous ces boutons et automatismes, on en oublie qu’un APN peut s’utiliser de la même manière qu’un argentique, il suffit d’oublier tous ces automatismes. Quant à l’objectif adapté, il doit l’être en fonction du cadrage recherché et non du format du capteur, par exemple si on veut un 50mm et que l’on utilise un APS-C il suffit de prendre un 35mm.
    Reste la question du prix…dont on a tendance à oublier que celui des 6D et D610 sont les mêmes que les argentiques, qu’on trouve à 100€ aujourd’hui, à l’époque où ils sont sortis. Dont on oublier également que les APN comme les 6D et D610 ne nécessitent pas de racheter une carte mémoire toutes les 35 vues, qu’il faut peut-être ajouter l’achat de l’ordinateur (encore que celui-ci ne sert pas qu’à ça) mais il faut aussi ajouter le développement avec une pellicule. Si on compte ne serait-ce que 2 pellicules à 5€ par semaine, au bout d’un an on a dépensé l’équivalent d’un 6D ou D610.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :