Mon expérience du noir et blanc avec le DP1 Merrill – Deuxième partie.
Tout d’abord, avant d’aborder la question du noir et blanc avec le Sigma Merrill, je dois dire que j’ai vraiment apprécié l’utilisation du DP1. Simple, efficace, avec des accès rapides bien pensés, c’est le genre de compact expert dont j’aurais besoin au quotidien pour compléter mes reflex argentiques. Il serait un excellent choix pour la photo de voyage, les sorties entre amis et pourrait même me servir comme outil de travail principal quand je pars à la découverte d’une ville. Avec le Sigma DP1 et son objectif 28 mm, photographier dans la rue, c’est un jeu d’enfant.

La qualité des images est impressionnante. L’exposition est très bien gérée par le Sigma Merrill. J’ai parfois dû appliquer une légère sous exposition de l’ordre de – 0,3 IL afin de préserver les détails dans les zones claires mais le Sigma a rarement été pris en défaut. L’objectif associé au capteur FOVEON de 44 Millions de pixels délivrent des images incroyablement nettes. Inutile d’ajouter de l’accentuation en post-production, la netteté est d’un niveau élevé tout en restant naturelle. On le constate avec grand plaisir en affichant les images à 100 % sur l’écran du PC. La dynamique est bonne : les hautes lumières ne sont pas brûlées et les ombres conservent des détails même comme ici en pleine lumière d’été.
Ce qui est agréable avec le Sigma DP1 Merrill, c’est d’être sûr d’obtenir des images exploitables directement en sortie de boîtier sans être obligé de corriger une multitude de paramètres. Même avec certains reflex numériques, les images ne sont pas toujours aussi bien équilibrées. Par contre, le point faible de ce capteur est la montée en ISO. Au delà des 800 ISO, le bruit est bien visible et devient très marqué à partir de 1600 ISO. Cela ne me gêne pas vraiment puisque je suis habitué en argentique à travailler à 400 ISO en toute circonstance, y compris la nuit. Je compense par des vitesses lentes et un objectif lumineux aide beaucoup. Ceux qui recherchent une imitation grain argentique n’y verront aucun inconvénient, surtout en noir et blanc.
J’ai effectué des tests avec le mode monochrome du DP1 et les résultats sont pour moi très corrects. Je suis un photographe exigeant, habitué à photographier en noir et blanc depuis une vingtaine d’années, alors je suis sensible au moindre défaut. Les contrastes sont beaux. Le noir et blanc est déjà suffisamment nuancé même si on peut encore enrichir le rendu en passant par une postproduction.
Mode monochrome du DP1 Merrill

Mode monochrome du DP1 Merrill
Les Sigma Merrill se comportent bien en noir et blanc direct mais le rendu est encore meilleur quand on opère via le logiciel Sigma Photo Pro disponible gratuitement en téléchargement. Les possibilités de varier les nuances pour obtenir un monochrome personnalisé sont intéressantes. On peut aussi jouer sur une dominante de couleur, améliorer le contraste global et récupérer des informations dans les zones claires et dans les ombres, un peu comme dans Lightroom. Avec Sigma, l’achat d’un logiciel onéreux pour améliorer la qualité de ses photos n’est pas impératif.
Dans la photo ci-dessous, j’ai appliqué une dominante rouge mais on peut aussi simuler la teinte sépia ou imiter le cyanotype.
Ma référence en termes de noir et blanc reste le film argentique. J’ai voulu comparer le rendu du DP1 Merrill avec celui d’une Kodak Tri-X. Pour cela, je suis allé photographier une ancienne distillerie avec le DP1. Les conditions de lumières étaient quasiment les mêmes que dix jours plus tôt avec un film Kodak. Je n’ai pas cherché à copier le rendu de la Kodak Tri-X. La photo a été prise en couleur, mode standard et balance des blancs lumière du jour. J’ai converti la photo en noir et blanc grâce au logiciel de traitement d’images de Sigma. La similitude avec un film argentique au niveau des nuances est convaincante. Les nuances de gris sont agréables à l’œil.

Kodak Tri-X

DP1 Merrill
L’avantage du Merrill par rapport aux autres compacts numériques de la même gamme de prix, c’est son capteur révolutionnaire, conçu en trois couches RVB. Les nuances de couleurs sont très réalistes et c’est à mon avis ce qui permet d’obtenir des photos noir et blanc exceptionnelles. En général, le problème du noir et blanc numérique, c’est la cassure entre les nuances. Les dégradés subtils de gris qu’offre le film argentique est très difficile à reproduire en numérique et bien souvent, le monochrome se résume à du noir bouché, un blanc trop blanc et deux ou trois gris sans nuance. Ici, grâce à la technologie du Merrill, on retrouve tout une gamme de gris en dégradé, allant du noir profond au blanc pur.

Personnellement, je trouve qu’il manquera toujours dans une photo noir et blanc numérique la matière qui fait la particularité de la photo argentique. Mais j’avoue avoir été séduit par les possibilités créatives en noir et blanc du Sigma Merrill. Chacun peut choisir son rendu final en apportant une touche personnelle dans le post-traitement. Ceux et celles qui ont une préférence pour des images grisâtres auront aussi cette possibilité. Il n’existe pas un bon noir et blanc et un mauvais. Chacun peut exprimer différemment ses goûts pour tel ou tel rendu.

Si je venais à faire l’acquisition d’un Sigma Merril, j’aurais peut-être une hésitation entre le grand-angle du DP1, et le 45 mm du DP2, car les deux focales me plaisent beaucoup. Si je n’avais pas de 50 mm lumineux sur mon reflex argentique, mon choix se porterait certainement sur le DP2. D’ailleurs, je le conseillerais à ceux qui ne possèdent pas de reflex mais recherchent un compact haut de gamme. Cette focale correspond à peu près à une vision standard de l’œil humain et ne déforme donc pas les perspectives. Le DP2 est certainement plus universel que le DP1 et le DP3. Ce dernier est plutôt destiné aux portraits et je serais curieux de le tester dans ce domaine. Le DP1 et son angle m’a permis de cadrer large et de recomposer certaines de mes images en format carré.