Tout le monde veut faire de la photo noir et blanc

Photographe argentique Lille - expo photo noir et blanc Nord PdC

Vous l’avez certainement constaté, les photos noir et blanc prennent une place de plus en plus grande sur les sites de partage en ligne et aussi dans les livres photo de famille que l’on conçoit devant son ordinateur. Le noir et blanc est bien plus qu’une tendance. J’ai l’impression que tout le monde veut faire du noir et blanc. Les logiciels de traitement d’images en ligne foisonnent de scripts de conversion monochrome. Les photographes de mariage proposent systématiquement une série de portraits en noir et blanc, quant aux portraits officiels de chefs d’entreprise, ils sont encore parfois livrés en noir et blanc. Dans les forums, le noir et blanc est toujours autant débattu et chacun a son idée sur la manière d’élaborer un rendu similaire aux pellicules Kodak, Ilford ou Fuji. Pourtant, la plupart de ces images proviennent bien d’un appareil photo numérique. Aujourd’hui, la prise de vue en noir et blanc n’est donc plus une obligation mais un choix. Alors, qu’est-ce qui pousse les photographes à pratiquer le noir et blanc ?

Je pense que dans l’imaginaire des gens, le noir et blanc apporte une valeur artistique à l’image. Le noir et blanc, c’est chic. Ils ont peut-être raison. On me dit souvent : « Un portrait, c’est plus beau en noir et blanc ». Je photographie presque exclusivement avec des négatifs noir et blanc et je n’ai jamais vu le problème sous cet angle. Le noir et blanc est pour moi une forme d’écriture. Ce n’est ni une meilleure ni une moins bonne solution que la couleur pour s’exprimer. J’ai tout simplement plus de facilité à écrire mes histoires en noir et blanc. Je trouve la couleur compliquée à traiter aussi bien sur le plan technique que sur le plan visuel. Il y a trop d’informations. En fait, à chaque cours de photo, je devrais poser la question à tous ceux qui désirent apprendre le noir et blanc numérique. Qu’est-ce qui vous motive ?

Photographes débutants et experts ont tous au moins une fois essayé de transformer leurs images couleurs en une version monochrome plus ou moins réussie. Parmi ceux qui ont fait appel à mes services pour apprendre la photo et/ou le maniement du reflex, presque tous souhaitent faire du beau noir et blanc et m’ont demandé de leur expliquer la technique. La question la plus fréquente concerne le paramétrage du boîtier. Montrer comment fonctionne un boîtier est essentiel dans l’apprentissage de la photo mais j’insiste sur le fait que ce n’est pas une fonctionnalité, aussi élaborée soit elle, qui garantira de belles images. Le « Picture Control » de Nikon est sympa puisque l’on peut modifier le rendu du noir et blanc et choisir un style grâce aux filtres tout comme en argentique. Ces filtres de couleurs permettent de jouer sur les tonalités et d’améliorer le contraste par exemple. C’est une solution pratique pour celles et ceux qui n’ont pas envie d’avoir recours aux logiciels trop compliqués et qui préfèrent une sortie papier directe en monochrome. Malheureusement, les résultats ne sont pas toujours très bons.

Kodak Tri-X TOUT LE MONDE VEUT FAIRE DE LA PHOTO NOIR ET BLANC

De toute manière, le mode monochrome d’un appareil ne détermine pas à lui seul la réussite d’une photo noir et blanc. La qualité de la lumière et le potentiel d’une scène illuminée d’une certaine façon jouent un rôle essentiel dans la construction d’une image. D’ailleurs, avant d’aborder la prise de vue en noir et blanc et le paramétrage du boîtier, il vaudrait mieux commencer par le commencement : apprendre au moins quelques bases de la photo et notamment la lumière afin de connaître les éléments distinctifs qui composent une bonne photo en noir et blanc. On peut aimer le noir et blanc pour différentes raisons : la richesse ou la subtilité des nuances de gris ou pour les contrastes marqués. Le recours au noir et blanc n’est pas forcément toujours pertinent et on peut difficilement appliquer systématiquement la même recette à toutes les scènes photographiées. Aussi, une image pauvre en couleurs ne sera pas meilleure une fois désaturée. Si la version couleur n’est pas bonne, le noir et blanc risque fort d’être raté.

Quand on me demande quelle solution employer pour transformer une photo couleur en une élégante photo noir et blanc, je déconseille fortement la désaturation. Je sais, nous vivons dans une époque où tout doit être d’une simplicité absolue. Beaucoup sont déçus et s’attendent à trouver le bouton magique. Les noir et blanc s’obtiennent rarement en appuyant sur la touche « supprimer toutes les couleurs ». Même s’il existe des logiciels performants imitant les noir et blanc des célèbres négatifs, il faut s’impliquer un minimum et chercher le bon équilibre des nuances et de la lumière. Le photographe exigeant va lui s’appliquer à bien exposer la scène et chercher éventuellement un beau contraste. Ensuite, il va retravailler ses prises de vue une par une sur un ordinateur. L’idéal est de photographier en RAW et d’affiner le noir et blanc grâce aux logiciels dédiés à ce format. Les logiciels de traitement d’image comme Lightroom ou NX2 permettent de jouer précisément sur les valeurs tonales et d’améliorer ainsi considérablement le rendu du noir et blanc. Les techniques sont multiples et chaque photographe développe sa propre tambouille.

cuir noir

Certains photographes tentent de reproduire un style de noir et blanc vu chez un photographe célèbre et veulent absolument appliquer le même rendu à toutes leurs images. C’est très bien de s’inspirer d’un auteur reconnu et de faire des exercices. Cependant, il faut comprendre que ce style qui vous plaît tant ne peut pas être appliqué à tous les sujets et dans toutes les situations. Tout va dépendre de la qualité et la quantité de lumière, du sujet, des matières et de la scène. Si vous aimez les noirs profonds, le sujet photographié doit au minimum contenir des couleurs denses voire des zones noires dans la réalité. Vous ne pourrez pas obtenir un beau noir intense avec une couleur pastelle. On peut forcer sur les densités de gris à condition que l’ambiance au moment de la prise de vue s’y prête. Le noir et blanc ne se fabrique pas sur un écran d’ordinateur mais sur le terrain avec l’aide de la lumière. L’informatique sert à accentuer les traits de caractères d’une image, à peaufiner les nuances. Poussez les manettes trop loin et vous dénaturez la scène. Pourquoi noircir un ciel alors que le temps était clair ? Intensifier le côté dramatique d’un ciel orageux est tout à fait normal mais il faut respecter l’ambiance du départ.

Je l’avoue, le noir et blanc numérique n’est pas évident à maîtriser. Les chemins sont multiples, les outils assez complexes et une bonne connaissance du mélange des couleurs est nécessaire. Ensuite, tout le monde ne possède pas une culture du noir et blanc. Certains se contentent d’un gris moyen uniforme sur l’ensemble de leurs images. Je vois encore trop de photos de mariage où la robe de la mariée, la peau de la mariée, les cheveux et les fleurs de la mariée sont réunis dans un gris unique sur un fond gris délavé où même l’herbe normalement bien verte apparaît terne. Apparemment, les photos grisâtres sans consistance ne dérangent pas tout le monde, pas même le photographe. A contrario, certains pensent qu’il suffit d’un noir et d’un blanc et font abstraction des valeurs de gris intermédiaires. Après tout, chacun fait comme il l’entend. Ce qui me gêne c’est lorsque le grand public se base sur ce genre de production médiocre et en fait référence.

En argentique, cela m’arrive aussi de mal juger la luminosité et d’être déçu de la qualité de l’image. Je me laisse parfois emballer par une situation insolite ou touchante sans anticiper le traitement du négatif. Par contre, je reconnais que le noir et blanc argentique est plus aisé que le numérique. Si on respecte la lumière lors de la prise de vue et si le développement du film se déroule normalement, il est plus facile de réaliser un noir et blanc riche en nuances et en contrastes. En informatique, il faut sans cesse modifier les réglages en fonction de chaque fichier si on a une idée précise du rendu voulu. Alors qu’en argentique, le film contient déjà sur son support sa propre identité en termes de nuances de gris, de noirs profonds, de contrastes et aussi de finesse. Évidemment, on peut jouer avec la chimie et les temps de développement pour accentuer tel ou tel effet, mais à la base, la typologie du noir et blanc est déjà fixée sur la bande. On n’a donc pas besoin de l’inventer.

Si vous aussi, vous souhaitez vous mettre au noir et blanc, je ne saurais trop vous conseiller d’étudier les grands photographes de notre temps comme Salgado, Michael Kenna, Bernard Plossu, Guy Le Querrec, Gilles Perrin, Isabel Munoz et j’en passe. Je ne peux pas les citer tous. Je vous recommande de suivre un stage si possible et surtout de vous entraîner sur des sujets qui se prêtent bien au noir et blanc comme les reflets dans l’eau des fontaines, des rivières, les arbres sous la neige, les ombres graphiques sous un soleil fort, les portraits devant un fond noir ou blanc, l’architecture, les trains, les voitures de collection sans oublier que la nuit offre aussi de belles opportunités de photographies en noir et blanc, surtout à proximité d’une source lumineuse artificielle comme l’éclairage publique, un manège, une vitrine etc …

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Vente de photographies noir et blanc – Prises de vues argentiques – Portraits couples, enfants, mariés

7 commentaires sur “Tout le monde veut faire de la photo noir et blanc

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  1. Hello,

    Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ton raisonnement sur le fait que le noir et blanc argentique et plus facile que le numérique.
    Lorsque l’on fait de l’argentique, il faut apprendre à maîtriser la couleur et ses composantes pour jouer avec les contrastes de la scène grâce au filtre de couleurs passant du rouge au jaune, Orange, vert, bleu. La scène n’est visible, elle, quand couleurs dans le viseur et l’exposition n’est pas aussi facile que le numérique. Reste après les traitement chimique qui eux rendront plus ou moins du grain ou du contraste… Et je ne parle pas du scan ou du tirage.
    Aujourd’hui, les preset vsco et Silver effect permettent de facilement arriver à quelque chose de potable en quelques clics. Tirer en composante en avant en jouant sur le vert, le rouge ect… C’est clair le numérique c’est fastoche! Après la compo c’est autre chose!
    Salut

    1. Merci pour ton point de vue Alain. Mais je ne suis pas du même avis que toi. Je n’ai jamais eu à utiliser des filtres couleur sur mes objectifs en noir et blanc argentique. Le principe d’exposition reste pratiquement identique au numérique si on veut bien s’en donner la peine. En numérique, on devrait être aussi précis et ne pas se dire que Lightroom saura rattraper les erreurs. Le développement et les scans se font machinalement si on on conserve le même process. Et malgré les bidouilles VSCO et silver effect le noir et blanc numérique n’a toujours pas la même saveur, malheureusement. Par contre, pour un utilisateur averti comme toi, effectivement le noir et blanc se dose facilement sur un écran. Après c’est une histoire de goût entre grain et pixels.

  2. 😉

    Les filtres couleurs ne sont pas une bidouille sur l’argentique. Ils permettent justement de composer avec les tons de gris, comme faire ressortir un ciel, une forêt ou rendre un portrait moins dur… Ou simplement augmenter le contraste d’une scène… Reproduire en NB, la couleur…
    Fuji c’est amusé à le faire software sur ses profiles, ce n’est pas pour rien. On voit bien la différence de rendu. Sur certaine photo c’est presque essentiel pour avoir un rendu qui tienne la route.
    L’exposition est bien plus compliquée sur certaines images, car il faudra tenir compte de la reprocité des films mais aussi des facteurs inhérents lorsque l’on pousse ou sous pousse un film. Il faut y penser avant…
    Perso, j’adore le film mais je suis aujourd’hui surpris de ce que l’on peut faire avec le numérique et Fuji à ce jeu là est très bon c’est un fait.
    Pour un débutant vsco et cie sont parfait pour ce rendre compte de ce que l’on peut faire et pour se faire la main.

    1. Je ne dis pas le contraire. Les filtres couleur à visser sur les objectifs argentiques ont leur utilité, sauf que pratiquement personne ne les utilise. Aucun des grands photographes connus morts ou vivants mis à part certains photographes de paysages ( et les amateurs ) n’a eu besoin de faire monter le ciel, renforcer les contrastes. C’est juste un petit plus.
      Fuji quant à lui est très fort pour simuler les films argentiques sur ses appareils numériques. La réciprocité n’a jamais posé de problème, pas plus que la piètre dynamique de beaucoup de capteurs. Les photographes poussant leur Kodak Tri-X sont des connaisseurs et sont conscients de l’incidence sur le film mais le procédé reste marginal.
      Alors oui, il faut réfléchir un peu mais pas tant que ça. Et cela vaut aussi en numérique. Le problème des jeunes générations c’est de justement refuser toute réflexion. Ils prennent plus de plaisir à utiliser des automatismes gadgets pour un résultat médiocre que de vivre la photo. On entend les mêmes arguments chez les féroces adorateurs de smartphones.

      1. Moi je les utilise les filtres… Pas tout le temps mais en paysage par exemple parce qu’en street on est déjà limité en vitesse et ca mange de la lumière…
        C’est vrai que la dynamique faiblarde des capteur n’est pas facile à gérer comparer à la facilité que certaines pellicules on a mangé tout ce qui vient comme la trix.
        Je voulais juste dire que la pellicule c’est pas mettre un film est appuyé 😉 y’a aussi des choses à savoir 😉 et comme toute chose il faut la domestiquer.
        Merci pour l’échange sur le sujet c’est sympa 🙂

        1. Là je te rejoins. J’ai bien vu que tu connaissais assez bien les deux mondes pour en parler : argentique et numérique. Merci pour cet échange et pour ta franchise ( très rare de nos jours ).

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