Sur place, on pense que la scène est intéressante, à cause de la lumière, des contrastes ou du sujet lui même. En observant le négatif sur la table lumineuse, on se rend compte que la vue n’a pas grand intérêt. La photo ne montre rien. Des années plus tard, on se demande ce qui a bien pu nous inciter à déclencher à cet instant précis. Le négatif entier passe au scanner, sauf la dernière vue. Au fil du temps, on finit par l’oublier jusqu’au jour où on a besoin de scanner à nouveau une image sur ladite bande. On tombe sur la vue n°37 qui ne devrait même pas exister puisqu’il s’agit d’un film de 36 poses. On la numérise tout de même en se disant que la photo est là, autant la faire vivre ne serait-ce qu’un bref instant.
Le monde est plain d’images oubliées. Cette image me fait penser à Vivian Maier, à John Ernest Joseph Bellocq et même à tant d’images rejetées de mes archives.