Pauline m’a contacté pour connaître mon avis. Elle photographie en numérique et il semblerait qu’elle ait des difficultés à obtenir un beau contraste. Après avoir jeté un oeil à son blog, je lui réponds que ses images me semblent correctes au niveau des contrastes. Tout naturellement, je lui ai suggéré de donner un coup de pouce à ses images via Photoshop, Lightroom ou Gimp si nécessaire. Mais elle préfère ne pas avoir recours aux logiciels et maximiser la qualité d’image au moment de la prise de vue. Elle se demande si son matériel photo doit être remis en cause ou si c’est un manque de connaissances de sa part.
J’étais très étonné de sa réponse. Ses dernières photos sont en noir et blanc. J’en déduis que Pauline photographie directement avec un réglage du filtre monochrome et en jpeg. Ses images sont ensuite certainement directement envoyées sur le net sans correction. On parle tellement de traitement d’images de nos jours que je n’imagine pas un photographe numérique se passer de post traitement. Cette étape est indispensable. Même s’il arrive que les fichiers jpeg soient directement exploitables, un passage par un logiciel est toujours utile. Les appareils photo, quels qu’ils soient, ne sont pas capables de délivrer systématiquement et dans toutes les conditions de lumière des images parfaites en tout point. Il manque toujours un peu de détail par ci ou un peu de lumière par là. Et bien souvent, on a besoin de rendre plus lisible une partie seulement de l’image.
Ce genre d’opération a toujours existé et s’avère nécessaire. Une photographie noir et blanc, qu’elle soit argentique ou numérique, peut être interprétée de mille façons. C’est aussi une histoire de goût. En argentique, depuis très longtemps, on intervient localement sur les images : ciel, visages et zones trop sombres… Les photographes auteurs reconnus qui confient leurs pellicules photo à des professionnels du labo argentique n’ont pas tous les mêmes exigences en termes de contrastes. Et les tireurs adaptent leur travail au labo en fonction des goûts de chacun. Les tirages sont plus ou moins contrastés. Certains aiment les images douces et d’autres les contrastes violents. Il n’y a pas de règle.
Cela dit, Pauline a raison de s’interroger sur sa méthode de travail et de vouloir comprendre la lumière avant de recourir bêtement à la retouche systématique. La qualité de la lumière et la maîtrise de la prise de vue influent sur la qualité de l’image. Trop de photographes se reposent sur les performances de Lightroom et des fichiers RAW. Beaucoup ne prennent pas en considération l’angle de la lumière ou la manière dont est éclairée une scène. Résultat, les images sont parfois irrécupérables parce que le photographe n’a pas tenu compte des surfaces réfléchissantes au moment de la prise de vue. Ce qui a pour conséquence de brûler les pixels. Une bonne connaissance de la lumière et de la façon de l’interpréter lui permettra d’effectuer 90% du travail. Le contraste sera alors naturel et ne nécessitera pas de corrections massives et destructrices dans Photoshop. Ensuite, rien n’interdit Pauline d’intervenir localement et de peaufiner les détails.
Je suis de ton avis, beaucoup de gens prennent une photo et vont aller la modifier après sans prendre conscience que la majeur partir du travail se fait en amont et non en aval. Je fais partie des personnes qui passent beaucoup de temps à étudier une scène (voir trop) pour effectuer le plus grand nombre de réglages avant de prendre une photo. Même si je te l’accorde j’effectue quelques retouches locales en post-production pour corriger quelques erreur de contraste. Le fait de travailler quasi exclusiement en argentique ces derniers mois m’a beaucoup appris et j’ai encore beaucoup de route à faire dans ce sens là.
Effectivement je trouve que la photo argentique oblige à devenir patient et à faire plus attention lors de la mise en boîte. Je n’ai utilisé que l’argentique pendant très longtemps. Mon photographe était devenu mon meilleur ami… mon banquier beaucoup moins! A mon retour en France je m’y remets!
PS: Jérémie, en regardant ton blog, il me semblait bien que c’était Bordeaux! (je suis de ce coin là).
Tout à fait d’accord, d’ailleurs toute la documentation que je lis actuellement sur le travail en argentique me permet d’apprendre à mieux exposer pour obtenir de meilleures photos dès la prise la vue dès la prise de vue. Je pense que cet apprentissage est totalement oublié avec le numérique, on fait trop confiance à l’appareil.
Récemment, en sous-exposant une scène de -2 j’ai pu obtenir le contraste voulue dès la prise de vue plutôt que de devoir retravailler une image « plate » par la suite !