Côté soleil, je suis en négatif.
Je me trouve un peu pâle en ce moment. Grosse fatigue et manque de soleil, je commence à saturer. Après un hiver rigoureux et un peu trop long à mon goût, j’ai besoin de reprendre des couleurs. Je me suis prescrit une cure de Kodak Gold pour les premiers beaux jours de printemps. Je scanne les pellicules couleur juste pour me soigner en attendant l’arrivage d’un nouveau stock de négatifs. Revoir la lumière et ressentir la chaleur sur les négatifs des années précédentes, cela fait du bien.

Je constate que tous les photographes récemment convertis à l’argentique ne connaissent pas les pellicules amateur comme la Fuji Superia et la Kodak Gold. Les négatifs noir et blanc ont apparemment plus la côte que la couleur chez les nouveaux adeptes. Une jeune photographe totalement novice en argentique me demandait comment éviter la surexposition avec une pellicule. Justement, il ne faut pas avoir peur d’exposer un peu plus longtemps un négatif. A contrario du numérique, les Fuji Superia et la Kodak Gold supportent très bien une forte surexposition. Elle est même conseillée pour obtenir un beau film au développement. Ainsi le grain disparaît et le scan en est facilité.

Personnellement, je mesure l’exposition sur les zones moyennement sombres de la scène, comme une route goudronnée. Et lorsque le ciel est d’un bleu intense comme dans la photo ci-dessous, il peut servir de référence à votre boîtier argentique. Sinon, quand les contrastes trop forts rendent difficile une bonne lecture de l’exposition, je cale la mesure sur ma main et je surexpose d’un 1L environ. Un négatif sous exposé engendre une dégradation des couleurs et une perte de netteté.
Un petit conseil : si vous souhaitez obtenir des couleurs denses quand le soleil brille, vous pouvez vous fier à la règle du F16 qui consiste à faire correspondre la vitesse à la valeur ISO de la pellicule. Par exemple, pour un négatif 100 ISO, vous réglez le boîtier sur F16 et la vitesse sur 1/125 e de seconde. Les couleurs sont encore plus fortes au grand angle, donc si vous avez la chance d’être équipé d’un 28 mm, n’hésitez pas à employer cette méthode. Elle vous permettra de vous faire oublier les réglages et de vous concentrer sur le cadrage et la composition par exemple.
Si ce sont les couleurs saturées qui vous intéressent, prenez plutôt des pellicules de 200 ISO. Elles sont parfaites pour les journées ensoleillées et offrent un grain relativement correct. Les 100 ISO commencent à se faire rare. L’alternative reste pour moi la Kodak Ektar 100, la pellicule offrant le grain le plus fin qui existe en négatif couleur. Elle est un peu plus chère et doit être exposée avec plus de précaution qu’une Fuji Superia ou Kodak Gold, mais quels rendus ! Cette pellicule est exceptionnelle. L’autre pellicule couleur que j’ai souvent utilisée, surtout quand je vivais en Ecosse, est la Fuji X-TRA 400 ISO. C’est un film polyvalent, rapide, impeccable en photo de rue. Elle est aussi encore disponible en 800 et 1600 ISO.

On voit de plus en plus d’images issues de photophones dont le rendu rappelle étrangement le style des photos argentiques. Le traitement est très étonnant et parfois réussi. Mais, je me demande si les jeunes photographes ont une idée du potentiel des pellicules Fuji, Kodak et même Agfa qui ne coûtent pas si chères comparées aux négatifs pros. Il leur suffirait d’investir une quarantaine d’euros ou pas beaucoup plus dans un bon boîtier argentique comme le Canon AE1, un Olympus OM ou un Minolta X700 pour se rendre compte des possibilités créatives de ces négatifs, sans oublier que l’on détient un contrôle total sur les flous, les plans nets, etc… On est bien dans la photographie et non dans la capture d’images automatisée.
Une fois scannées, les photos argentiques peuvent être retravaillées en post-production exactement comme en numérique. L’image extraite du film via le scanner est un fichier numérique RVB. Si vous aimez des couleurs intenses et des contrastes soutenus, la manipulation informatique sera la même qu’en numérique. Avec une Fuji ou une Kodak, on obtient facilement des couleurs chaleureuses et des images tout aussi intéressantes qu’avec un reflex à 1000 euros. L’argentique, ça vaut la peine d’essayer, surtout si vous vous sentez l’âme d’un créatif et refusez d’être tributaire de filtres déjà prêts en série.
Soleil et pellicules couleur à consommer sans modération.
Quelles couleurs et quelles photos ! Courage Fred, le printemps sera bientôt là, j’espère.
Merci Jean-Michel. Encore quelques jours et nous sommes tirés d’affaire !
A dix jours du printemps il a encore neigé ici. Mais pas de souci, le soleil arrive, je vois déjà qu’il pointe son bout de nez.
Oui, chez nous aussi, dans le Nord de la France, la neige est à nouveau tombée à quelques jours du printemps. Mais j’imagine la chaleur du soleil et les longues journées photographiques…