
Les couleurs des pellicules argentiques sont-elles vraiment moins belles que celles d’un appareil photo numérique ?
Un ami photographe m’avait offert ses anciens négatifs Kodak Gold dont il ne se servait plus. Il a conservé son Nikon F80 mais ne pratique plus la photo argentique depuis longtemps. Pour lui, la photo argentique couleur est dépassée. Les couleurs ne sont jamais aussi intenses et justes qu’en numérique, selon lui. Il en avait assez des couleurs délavées et des teintes qui dérapent. Aujourd’hui, il a le sentiment d’avoir un réel contrôle sur les couleurs et leur saturation grâce au logiciel de traitement d’images RAW. Il n’a pas tort mais il faut tout de même relativiser. Sans être à la hauteur des négatifs professionnels comme les Kodak Portra et Fuji pro, la Gold est une pellicule qui se défend bien en termes de couleurs. La finesse d’image ne vaut pas celle d’un numérique mais si on n’envisage pas de faire des agrandissements géants, cette pellicule est capable de restituer les couleurs chaleureuses de l’été. Si j’avais un voyage à effectuer dans une région du monde complètement reculée, j’emporterai sans doute un reflex argentique léger et tout un lot de pellicules couleur Kodak et Fuji, en plus de mes pellicules fétiches en noir et blanc.

La date limite d’utilisation inscrite sur les boîtes qui m’ont été données était 2010. Mais cela ne me gêne pas. J’ai souvent photographié avec des négatifs périmés et je n’ai jamais rencontré de problème. Le seul souci pour moi est que je perds l’habitude de la couleur, à force de penser, de voir et de photographier en noir et blanc. Je me suis forcé à utiliser les Kodak avant que la date de péremption ne soit trop éloignée. Je n’avais rien de précis comme sujet à photographier, alors je me suis imposé de choisir la couleur en tant que sujet principal. J’ai profité des beaux jours de printemps pour photographier le rouge, le jaune, le vert et le bleu. C’est la matière elle même de la couleur que je voulais mettre en avant. L’avantage avec un négatif couleur est l’absence de brillance sur les matières, une brillance qui parfois perturbe la bonne lisibilité de l’image. C’est mon humble avis, vous avez le droit de ne pas être d’accord. Les couleurs apparaissent plus mates qu’en numérique et c’est ce que j’apprécie en argentique.

Lorsque j’ai montré à mon ami les photos prises avec ses négatifs Kodak, il était surpris par la saturation des couleurs. Il était d’ailleurs persuadé que j’avais artificiellement amélioré les couleurs sous Photoshop. Or, il n’en est rien. Les images sont brutes de scan. Seule l’exposition et le contraste ont été modifiés dans le logiciel. J’ai surtout pris soin d’exposer correctement le négatif au moment de la prise de vue. En fermant l’ouverture à F11, F16 et en privilégiant le grand angle, les couleurs sont naturellement plus denses. Une pellicule bien exposée ne nécessite pas de longs traitements en post-production. Et là, c’est valable en argentique comme en numérique. Si mon ami avait eu la possibilité de scanner lui même ses films, il aurait su, lui aussi, exploiter tout le potentiel de ses négatifs couleur. Du coup, il envisage de me faire numériser ses anciennes photos de vacances, enfin les plus belles. Même s’il juge l’aspect de l’image en deçà de son appareil photo numérique, il admet qu’un négatif couleur basique comme la Kodak Gold a du punch.

La couleur en argentique est aujourd’hui valable entre autre pour un photographe maîtrisant le processus de numérisation du négatif. Les derniers laboratoires photo grand public offraient une prestation de médiocre qualité. Le photographe lambda se retrouvait avec des tirages couleur mal exposés. Quant à la numérisation des négatifs, le travail était expédié en deux temps trois mouvements. La mauvaise qualité des scans laissait croire aux photographes qu’il avaient raté leurs images. Quand je scanne de vieux négatifs, certains clients ont l’impression de récupérer des photos numériques. Je pense que beaucoup de personnes sous-estiment le potentiel d’une pellicule couleur. Si elle est bien traitée, la Kodak Gold constitue un choix raisonnable pour restituer les couleurs et créer de belles images.
Superbes couleurs! Je ne pensais pas qu’une kokak gold pouvais rendre aussi bien! Ca me donnerais presque envie d’en acheter le jour ou j’aurais un peu d’argent pour racheter des pellochs…
Et puis l’idée de photographier et de mettre en scène les couleurs, c’est quelque chose que je n’ai jamais essayé et ça me donne envie!
Merci pour cet article
Merci à toi.
« Je pense que beaucoup de personnes sous-estiment le potentiel d’une pellicule couleur. »
Tout à fait, je le vois bien quand je récupère mes photos couleurs, je suis toujours ravi du résultat (bon en même temps je fais de la couleur qu’avec mon Yashica) et encore je n’ai pas ta pratique. J’aurais tendance à dire que je préfère même la couleur argentique à celle numérique qui, finalement, n’est que le résultat d’un traitement ou du boitier ou du logiciel de post traitement.
En tout cas chouette billet et chouettes photos.
Je te remercie vivement Brice.
La couleur en argentique vaut ce qu’elle vaut. En numérique, on peut aller beaucoup plus loin dans la créativité. Enfin, je pense.
Je suis bluffé par la qualité du scan… Quel matériel utilises tu?
Merci Florent. Ici, c’est un scanner EPSON 4990 qui a été utilisé.
Je trouve ce papier par hasard. Naturelles les couleurs numériques ? Tu rigoles ! Artif, oui ! En numérique, tout est artificiel ! A partir du moment où l’on peut modifier le réel, c’est forcément toc. Un néga couleur bien développé et bien tiré (voir la photo du tissus et du bouton) et on a l’impression de toucher la matière. En numérique, j’ai l’impression de passer mon doigt sur du plastic…