La photographie de rue m’ennuie aujourd’hui

La photographie de rue ne m’intéresse plus.

En fait, c’est la photo de rue telle que je la pratiquais jusqu’à aujourd’hui qui me fatigue. Je n’ai photographié aucune scène de rue cet été. C’est un signe. La dernière tentative dans les vieux quartiers animés ne m’a pas convaincu. Après une heure de déambulation, la pellicule est restée vierge. M’expatrier m’aiderait sans doute à retrouver le goût pour cette discipline. Mais, j’ai le sentiment d’être plus attiré par l’exploration des villes en elles- mêmes que par les scènes de rues à proprement parler.

Je me demande ce qui me motivait vraiment dans la photographie de rue. Inconsciemment, je voulais peut-être marcher dans les pas de Depardon. Les magnifiques images verticales qu’il a prises dans les grandes villes du monde en sont certainement la raison. Même si je ne cherchais pas à reproduire son travail, je m’en suis largement inspiré. Mais je me rends compte que mes photographies me lassent du fait de leur banalité.

La profusion d’images circulant sur le net classées dans le sacro-saint registre de la photographie de rue n’aide pas. Rien dans ce que je vois actuellement ne m’interpelle. Les photographes amateurs sont en extase devant des images découpées par les ombres dures d’où surgissent des passants sans âme. Ces photos mettent en scène des personnes qui se déplacent mais je n’y vois pas la quête d’une certaine esthétique du mouvement. J’ai même l’impression que la photographie de rue est vécue par ces photographes comme une performance et non comme la recherche d’un instant anodin, amusant ou surprenant.

Si je me remets à photographier dans la rue, je pense que ce sera davantage dans le but de photographier la ville.

13 commentaires sur “La photographie de rue m’ennuie aujourd’hui

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  1. Je crois qu’aujourd’hui beaucoup voient la photographie comme une performance… Je veux dire par là qu’avec Internet, et le flow continu d’images que ce média nous propose,, chacun veut faire des photos, comme les autres font.
    On les montre sur le net, on réclame des avis, on pense que c’est en forgeant qu’on devient forgeron. C’est vrai, mais on oublie trop souvent que « l’instant anodin, amusant ou surprenant » n’est pas toujours au rendez-vous.
    Internet, dans sa facilité à publier et exposer, forcément créé la banalité… Et nous en sommes tous victimes, non?
    J’aime bien ton article et les questions de fonds qu’il soulève 🙂

    1. Oui et surtout après 20 ans de pratique de la photographie et plus de dix ans à photographier les rues, je n’arrive plus à me renouveler. Mais je pense aussi que la banalité n’est pas un problème en soi. Si les le sujet est bien traité, les images très belles, cela ne pose pas de problème au contraire. mais je n’en suis pas là. Et c’est tout ce qui fait la différence avec les grands photographes de notre temps et d’avant.

      1. Si tu te poses ces questions, c’est que déjà tu as un recul et une prise de conscience qui font que, forcément, tu te renouvelleras, parce que tu le cherches.
        Il serait beaucoup plus triste qu’on ne se remette pas en cause (la fin des haricots).

        Pour ce qui est de la banalité, tout dépend comment on l’entend et l’interprète. Une photo peut être bonne, mais banal, d’autres moins réussies techniquement et extraordinaire.
        Je me souviens d’un des tes articles qui incitait à flirter avec une vitesse de shoot en dessous du seuil de sécurité, quitte à faire un flou de bougé 😉

        J’crois pas que tu ais raison quand tu dis « Je n’en suis pas là »… ou p’têt pas pour les raisons que tu penses. J’crois aussi que la photo, comme tout le reste, est une histoire d’opportunités, du ‘bon moment », de chance aussi…

        J’crois aussi qu’aujourd’hui, on voit tellement d’images de photographes ou amateurs de plus en plus pointus, qu’on veut tous faire LA photo extraordinaire…

  2. Très bon article sur cette discipline photographique qui me tient a coeur.

    Je pense qu’il faut pas trop s’attendre à produire l’identique ce que les autres ont déjà pris dans la pilicule

    1. Il est hors de question de reproduire à l’identique le travail des autres; Cela n’a pas de sens et c’est de toute manière impossible. Par contre il est bon de s’inspirer des grands photographes pour trouver une ambiance, une façon d’aborder un sujet etc…

  3. Pour ma part, je pense que certains photographe sortent du lot comme Danny Santos http://www.dannyst.com/gallery/portraits-of-strangers/ avec sa magnifique série Portraits of Strangers dans laquelle il y a une vraie recherche esthétique. Mais peut on encore appeler ça de la photographie de rue… Ou bien alors comme Thomas Leuthard http://www.85mm.ch/ … En tous cas, moi perso, je n’en suis pas capable, et ça ne m’attire pas trop pour le moment. Peut être plus tord, qui sait!… Très bon article, bravo!

    1. Tu as complètement raison. Certains photographes sortent du lot. je suis parfois un peu extrême dans mes propos. Il n’y a pas que les grands photographe de chez Magnum ou de l’agence VII qui ont du talent. D’autres photographes peu connus sortent du lot comme Claude Renault .

  4. Peut-être te focalises-tu de trop sur ton thème favori ? Lorsque je me balade, c’est pour me balader. Toujours un œil qui traine mais la photo n’est pas le but premier. c’est souvent l’inattendu qui donne le réflex de pousser sur le déclencheur. Et en aucun cas je tente de reproduire un autre photographe car chacun a sa propre vision des choses.
    Essais de te promener en ville sans penser à ton boitier en main ou à chercher absolument un sujet à fixer sur ta pellicule.
    Ça ne va peut-être pas t’aider mais faire un photo pour soi, pas pour les autres. Une image que l’on apprécie. Il n’y a pas que la rue comme tu dis.
    Et puis si on rentre bredouille, on aura au moins fait de l’exercice, sortir un peu, prendre l’air et ça, c’est déjà pas si mal 🙂

  5. Débutante dans le milieu de la photographie, je me suis posée cette question aussi il n’y a pas longtemps, J’ai une amie avec qui on partage cette passion, qui elle se découvre une réelle attirance pour la photographie de rue, mais moi pas tant que ça.. C’est intéressant ce que tu dis et je pense que si cela t’ennuie c’est surement qu’il est temps de passer à autre chose. Quand tu dis photographie de ville, c’est le patrimoine architectural ou une vue d’ensemble de la ville qui t’attire?

    1. Oui, je pense qu’il est temps pour moi de passer à autre chose. Cela fait plus de dix ans que je photographie dans la rue. En fait c’est exactement ça, je préfère maintenant les vues d’ensemble de la ville. même si je laisserai encore l’être humain entrer dans mon cadre photo, je ne vois plus la photo de rue comme avant.
      Quand j’ai commencé la photo, il y a plus de vingt ans, je ne me posais pas autant de questions. Je déclenchais juste par plaisir. Mais dorénavant, je remets tout en cause, ce que je photographie, comment je le photographie et pourquoi je photographie cette scène de rue. C’est agaçant.
      Alors, j’aimerais revenir à une expression photographique instinctive, comme avant, juste par ce que j’ai vu quelque chose qui me plait.

  6. J’arrive à comprendre ton point de vue, Moi ce que j’en pense c’est que tu as développé un coté perfectionniste dans le but de toujours plus t’améliorer et c’est je pense ce côté qui a pris le dessus… moi je suis plus attirée par apprendre à jouer avec la lumière sur des portraits de prés et/ou de loin en extérieur, et justement un oeil d’expert comme le tien pour me dire ce que tu pense de mes photos me serait d’une aide précieuse (je n’en ai pas énormément parce que je cherche encore mon style) mais si tu passes sur mon blog, n’hésite pas à laisser ton avis, car un photographe qui aprés 20 années d’expérience arrive à se remettre en question je ne pense pas que cela soit très courant

  7. Ton ras le bol soulève tant de problématiques actuelles… Je crois que l’une des principales c’est qu’on est très nombreux maintenant à faire beaucoup de photo avec l’ère du numérique et la démocratisation d’appareils de qualité relativement bonnes et surtout leur accessibilité, de même que pour l’impression, facilitée. Puis la publication, facilitée. Et puis l’entrain d’une partie du public à s’améliorer, faire de l’artistique et essayer se démarquer le plus possible les uns des autres (une autre partie s’acharne à copier) le tout motivé par une compétition de plus en plus forte et le besoin de « faire original » surtout pour se faire connaître et voir justement à cause de la « masse » de sites, blogs, et compagnie… Il en ressort aussi un surplus, un trop plein d’images. C’est à la limite de l’indigestion! Je n’arrive personnellement plus du tout à apprécier d’aller sur des sites ou des pages ou des blogs photos qui nous abreuvent de clichés: non seulement c’est frustrant quand on est photographe (à cause de nombreuses photos techniquement réussies, difficiles et disons-le, hyper spectaculaires -quand elles ne sont pas tout simplement retouchées à outrance) mais ça démotive carrément quand on est un petit amateur qui se débrouille comme il peut. J’en suis personnellement venue à un point que je limite énormément mon regard sur la photo des autres et surtout, j’essaie de ne pas me laisser influencer! Tant pis pour la banalité des clichés, je ne suis moi-même que quelqu’un de banal, on n’a pas non plus besoin de « péter plus haut que ses fesses » pour s’épanouir dans la photo. Tant pis pour l’incompréhension d’un sujet, tant pis pour le supposé manque de créativité. La photo ne doit pas être une compétition, la photo ne doit pas être une recherche de quantité et de qualité (c’est quoi la qualité???) extrêmes, la photo c’est un truc personnel, c’est notre vie, c’est ce qui nous touche, ce qu’on aime, c’est imparfait et… comme avec tous les goûts dans la vie, des fois on se sent plus attiré par certaines choses que d’autres, pour mieux y revenir plus tard. Alors il ne faut se laisser enfermer dans aucune catégorie. Le monde est vaste, les heures nombreuses. Il y a mille occasions ratées de faire LA photo et cela n’enlève pour autant rien au bonheur, au souvenir d’un moment, d’une vision. Je crois qu’on veut tous « trop » figer, trop « faire », trop déclencher et tout ce trop finit par nous lasser et on en oublie l’essentiel, à force de vouloir toujours plus, toujours mieux qu’à côté, en développant ainsi une insatisfaction chronique… 😉 Bonne soirée à toi.

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