L’apparition d’un écran de contrôle sur les reflex numériques a bouleversé les méthodes de travail du photographe.
Les maîtres de la photographie argentique évaluent leur images au labo, sur des tirages papier appelés planches contact. Les photos retenues sont tout simplement entourées au feutre. Après de longues années de pratique argentique, le célèbre photographe Sebastião Salgado est passé au numérique. Mais il refuse d’utiliser l’écran de son EOS 1D. Il vérifie sa production comme avant, sur tirage papier. Il a su conserver ses habitudes.
En argentique, je redouble d’effort de concentration afin de négliger aucun paramètre. Mais je ne suis pas à l’abri d’une erreur. Un élément perturbateur peut s’inviter dans le cadre sans que je m’en aperçoive et je le découvre seulement après le développement de la pellicule. Avec un reflex numérique, on peut se rassurer immédiatement juste après la prise ou éviter de grosses déceptions de retour à la maison.
Je suis le premier à inciter les débutants à vérifier l’exposition, juste après la prise de vue. Ils apprennent ainsi à relire et comprendre les informations concernant la vitesse et l’ouverture du diaphragme. Cela permet de constater qu’une image est floue parce que la vitesse est trop lente, par exemple.
Pour d’autres, l’écran sert aussi à faire un tri en voyage, le soir à l’hôtel après une journée de photos, histoire d’économiser de la place sur les cartes.
L’utilisation de l’écran me fait penser aussi aux réalisateurs de films de cinéma, quand ils revisionnent une scène avec les acteurs. Pendant un shooting avec des modèles, on peut discuter des expressions du visage, remettre en cause une posture etc…
L’écran est un outil devenu incontournable en photographie numérique. Moi-même, je ne peux m’empêcher de jeter un oeil à ce que je viens de photographier. C’est paradoxal pour un photographe qui pratique la photo argentique depuis plus de vingt ans. Cette nouvelle manie m’intrigue, m’énerve parfois. Alors, la semaine dernière, j’ai lancé un défi photo sur Twitter, le « noscreenchallenge ».
Plusieurs de mes contacts sur Twitter ont essayé la photo sans écran et ont expliqué leur méthode. Des photographes comme @Hangryben ont choisi de travailler avec le bracketing pour assurer une bonne exposition. D’autres n’ont pas hésité à masquer l’écran avec du gaffer. Je vous présente les photographes blogueurs qui ont accepté de témoigner sur leur blog :
- Julien s’est imposé des contraintes très strictes : 13-design.net
- Yves délivre sa méthode : Yves Bouthérand photographie
- Mourad pourrait bien modifier ses habitudes : DACH’S POSTEROUS
- Vincent donne son avis, entre studio et extérieur : Vincent Loyer photographe
- Max, être dans l’action : Max Lelong photos
- Péloche Photo : apprendre à construire une image
- GnondPomme.fr : rester connecté
- Remy Lapleige a bien voulu ressortir son numérique du placard.
- L’importance de l’affichage dans le viseur : Brice F
- Les joies de la frustration : Paul ALLAIN
- Une expérience très formatrice : Willy Brousse
- A quoi sert l’écran de mon réflex ? : Eiffair
Si j’ai oublié quelqu’un ou si vous aussi, vous souhaitez participer, n’hésitez pas à m’envoyer le lien vers votre article.
Je remercie tous ceux qui ont participé au défi et qui ont pris la peine d’en débattre sur Twitter. Pour ceux qui n’ont pas de blog, vous pouvez faire part de votre avis sur les bienfaits ou les méfaits de l’utilisation de l’écran de votre reflex dans la partie commentaire ci-dessous.
Bon défi, mais difficile à réaliser 😉
Bon, c’était un peu la course, et je n’ai pas eu le temps d’écrire l’article….
C’est effectivement assez marrant de revenir à cette démarche, et assez troublant. Je vais essayer de faire cet article dans la semaine.
😉
J’ai balancé un moment à relever le challenge pour ma part. Mais nouvellement acquis au numérique, j’ai conservé trop de mes habitudes argentiques pour que ma participation ait quelque valeur. L’option écran orientable de mon 60D a pour moi un avantage des plus appréciables : je puis le laisser en position repliée et adieu l’écran. En y réfléchissant, suite à ton article, je n’ai réellement eu l’usage de l’écran que lorsque j’étais en déplacement : ceci afin d’opérer un premier tri et décharger ma carte mémoire. En somme, le vrai challenge pour moi, serait de me mettre au contraire à utiliser l’écran.
un exercice sympathique en tout cas, avoir des retours simultanés de plusieurs photographes est également une bonne idée. Et puis je n’ai pas été si strict, j’aurais pu me mettre en tout manuel, avec mise au point manuelle, comme sur mon Lubitel 166b que je ne maîtrise pas encore assez bien, mais ce sera pour dans quelques années, quand je connaitrait par coeur les valeurs d’expo en fonction de chaque situation :-p
Bah Julien, c’est pas une histoire d’être strict et de connaitre tout par coeur, c’est surtout une histoire de prendre du plaisir…
Et je pense que dans ce challenge, Fred voulait juste nous faire réagir sur le fait que l’écran nous permettait illusoirement de mieux « contrôler » et que justement, on oubliait aussi le plaisir de faire une photo « comme on le sentait »… Franchement, je suis pas certain que les photos que nous regardons, et effaçons, soient systématiquement « pas intéressantes »… Surtout pour l’analyse après coup.
Et puis maîtriser, c’est aussi se planter… et si on cherche à comprendre après coup plutôt que d’effacer tout de suite, ça aide à grandir…
Enfin, je dis ça, je dis rien…mouarf!
Une très bonne idée qui plonge le photographe dans un état de réflexion intense. J’ai adoré cette sensation d’être un enfant le 25 décembre au débalage de ses cadeaux. Personnellement, je recommencerai !
j’ai pour ma part fait au printemps un stage avec Eric Bouvet dans le cadre des Rencontres d’Arles.
La contrainte journalière était drastique : écrans éteints, 50 images par jour (donc avec l’écran éteint on n’efface rien a priori), et lecture des images uniquement le lendemain sur tirages de lecture.
Je peux vous dire que ça fait ressortir fissa les bons vieux réflexes de l’argentique. Ca fait à peine 2 ans que je me suis mis au numérique et moi qui ne faisait que peu d’images j’en étais revenu à shooter dans tous les sens. Une semaine en restriction d’écran ça permet de se recentrer un peu plus sur ce qu’on prend en photo. On s’arrête, on réfléchit et ô incroyable, parfois même on ne prend pas la photo !!