Prendre son temps avant de déclencher

En argentique, l’angoisse de gâcher ne serait-ce qu’une prise de vue, fait que je prête attention à tous les paramètres avant de déclencher.

Le sujet en vaut-il la peine ? La lumière est-elle assez intéressante ? Faut-il revenir plus tard sur les lieux ? Je réfléchis à deux fois avant de consommer la moitié d’une pellicule. En fin de bobine, je  me dis que je devrais conserver quelques prises de vues. On ne sait jamais, quelques mètres plus loin le panorama pourrait être plus beau.

Alors, je tourne autour du sujet. Je prends le temps d’observer, d’apprécier la lumière, me demande ce que j’aimerais retenir de cet instant. Avant même de faire les réglages, je visualise mentalement la photo. Je choisis une approche, un cadrage, un temps de pose et seulement après je saisis l’appareil. Je ne fais qu’une ou deux prises et souvent, les résultats sont bien meilleurs que si j’avais grillé une pellicule entière.

Logiquement, il n’y a aucune raison de ne pas faire pareil en numérique : garder la même concentration, la même démarche. Pourtant, avec le reflex numérique, il m’arrive parfois de faire l’inverse. La tentation est grande de déclencher beaucoup et de choisir après coup le meilleur cadrage, le meilleur instant, la plus belle lumière, parce que c’est gratuit.

Mais en travaillant de la sorte, je perds quelque chose d’essentiel. Une chose que j’aime énormément en photographie argentique : la notion de plaisir.

14 commentaires sur “Prendre son temps avant de déclencher

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  1. Tout à fait d’accord.
    L’argentique m’apporte cette observation plaçant ainsi le travail et l’observation au dessus de la chance.
    Notre caractères et nos sensations sont alors bien mieux exprimées et intellectuellement, il se passe autre chose lors de la prise de vue. Conserver cette approche en numérique est un atout incontestable.
    Merci encore pour cette excellent post Fred.

  2. Bien d’accord sur la notion de plaisir qu’il faut à tout prix cultivée.
    J’aime aussi tourner autour « du sujet » et analyser la scène. En numérique, 2 choses m’ont grandement aidé à le faire.
    1- J’aime utiliser des focales fixes, ce qui implique de bouger (et je recommande à tous d’utiliser des focales fixes)
    2- Mon reflex numérique est un APS-C, et non un Full Frame… (même si le viseur de L’EOS-7D est un vrai bonheur par rapport au gamme inférieure). Il me faut donc faire attention au cadrage (qui au final n’est pas tout à fait ce que je vois dans le viseur).

    Je pense aussi qu’en numérique, une fois la frénésie des premiers déclenchements passée, on s’aperçoit vite qu’on se retrouve avec beaucoup de déchet et qu’il vaut mieux moins déclencher si on ne veut pas perdre du temps à visualiser des centaines de photos qui ne sont pas vraiment…. jolies 🙂

    Bref, peloche, numérique, peu importe…. Soyons exigeant avec nous même!

  3. C’est drôle, ça ne me fait pas du tout la même chose !!!
    Je prends plus de plaisir depuis que je suis passé au numérique !!
    Pas de pression, pas de stress, pouvoir photographier des choses que je n’aurais pas jugées importantes en argentique … pour me rendre compte que j’adore ces photos … bref, pour moi, cette absence de limitation me permet de laisser libre cours à mes envies d’appuyer sur le déclencheur (sans parler des 500g de moins à porter autours du coup car le Srt101 pesait !!!).

  4. Je suis tout à fait d’accord avec Yves pour les focales fixes.
    Un 50 mm sur l’appareil et un 24 dans la poche et c’est parti.
    j’adore les focale fixe en M42 qui m’ont données de beau clichés.

  5. C’est pour cela que j’aime bien mon X100.
    On lui reproche souvent son manque de réactivité mais je trouve que c’est plutôt un atout. Cela laisse le temps de bien analyser ce qui se passe dans le viseur.
    Depuis que je l’ai j’essaie aussi de ralentir le rythme avec mon 5D et que j’utilise de plus en plus les focales fixes

  6. Oui l’argentique est un bon moyen pour progresser car toutes ces contraintes nous oblige à être rigoureux. Mais ces contraintes me procure un immense plaisir. Plaisir encore plus fort quand je découvre mes images grace à mon scanner. Après les fêtes je revends mon numérique pour me consacrer à l’argentique pendant un an histoire de progresser un peu plus. Avec deux focales fixes 35f2 et 85f1.8 et de la kodak ektar 100 portra 400 fuji supéria 800.
    J’espère pouvoir alimenter mon blog avec de belles images au sel d’argent.

  7. Le point de vue de Mathias est aussi intéressant… C’est vrai que le stress est moindre, et sans pression, on hésite moins et on ose…
    Alors oui, des fois, il faut savoir oser et prendre des risques!
    Le numérique est génial pour ça, d’autant plus qu’il permet une visualisation à chaud du résultat (bien mal d’ailleurs, mais ça donne une grosse idée).
    Enfin, j’irai pas plus loin dans mon argumentation puisque je vais participer au petit challenge de Fred qui me donnera l’occasion de parler de tout ça de manière constructive, en listant les + et les – du numérique et de la peloche….
    Ce qui est clair, c’est que le matos évolue.. ça laisse des libertés, mais pour autant (merde, je parle comme Sarko), ça ne veut pas dire encore une fois qu’il faut être exigent avec soit même… et feignasse aussi, parce que post traiter des centaines de photos, c’est burinant non? Autant réussir le cliché et passer le moins de temps possible sur le post-traitement. (Si c’est pas élargir le débat ça!)

  8. Quel combat….

    Face à une photo, je ne me pose pas la question de savoir avec quel outil a été utilisé pourvu que l’émotion reste, je préfère une numérique qui a du sens, qu’une argentique vide.
    Face à une sculpture vous posez-vous la question de savoir si c’est fait au burin et marteau ou au marteau piqueur ? Moi, non….

    A trop attendre on prend le risque de passer à côté, de la lumière, de l’association des événements qui ne se représenterons plus. Alors, prendre son temps en paysage, on peut quelque fois le faire mais un lever de soleil attend rarement ;°)
    D’accord pour de la rigueur à la prise de vue, mais aussi en développement, parce là aussi, il y a un plaisir immense, au labo numérique comme argentique, que de traduire se que l’on a ressenti sur le terrain et ce que l’on veut montrer.
    Juste un avis de débutant, rien de définitif…
    Alain

  9. haha…. Je suis (du verbe suivre) Alain dans son idée à 2000%
    Numérique, péloche, peu importe! Seul, celui qui est derrière son appareil est intéressant…ou non! Parce que c’est son regard et sa sensibilité sur une scène qu’il fige!
    La rigueur, la fierté de bien faire, les émotions procurées sont ce qu’il faut retenir. L’outil n’est que le moyen d’expression de celui qui créé. C’est celui qu’il a choisi! Celui qui le correspond au mieux!
    Et celui qui créé, c’est l’humain qui nous fait vibrer…

  10. Ahhhh, cette histoire du nombre de déclenchement… Autant j’aime travailler en argentique, avec mon moyen format (donc 10 poses par pelloche, donc la retenue extreme) autant cette ascèse appliqué au numérique me laisse perplexe.

    Comme je le disais, j’aime bosser avec mon 6×7, une poignée de rouleau dans la poche, ce qui ne m’autorise que quelques dizaines de déclenchement. Avec le moyen format, la démarche s’approche plus de la peinture, je prends mon temps, je pose le trépied, je cadre au nanomètre, je mesure soigneusement la lumière avec une cellule etc… j’aime cet approche ralentie du temps, et ça donne souvent de bon résultats.

    Mais en numérique, si au début je me suis un peu contraint à cette démarche ascétique, j’ai vite arrêté car, finalement je n’y voyais forcément de l’intérêt. Donc, si je peux partir pendant un mois en Norvège avec seulement 100 poses en argentique, je peux facilement faire 400 déclenchement en heure pendant un concert.

    Tout simplement parce que la création est aussi affaire de travail, d’essais, de ratages, de brouillon.

    Est-ce que les écrivains se limitent sur le nombre de brouillons??? non, il pratiquent même des méthode comme la réécriture, c’est à dire réécrire des passages entier d’un bouquin avec un autre angle, une autre style, etc…

    Devrait-on reprocher à un musiciens de trop répéter ??? Avant le concert ou l’enregistrement, il y a des heures et des heures de répétions, des morceaux passés en boucle des mesures répétées encore et encore. Un amis ingénieur du son me disait que Mickal Jones (guitariste de goldman) faisait des centaines de prises avant d’être satisfait d’un solo et de le retenir pour le mix final…

    Même les grand maîtres de l’argentique cramé des kilomètres de pélloches. Mc curry en parlant d’une image connue qu’il avait pris à Katmandou, disait qu’il avait brulé 20 rouleau pour une seule image retenue…

    A titre d’exemple extrême, un photograhe qui livre un reportage au national Géo fourni environ 15 000 images….. pour seulement 20 ou 30 retenues.

    Avec le numérique, quand je tiens un bon sujet, j’y passe en général pas mal de temps, en essayant plusieurs cadrage, différentes luminosités, et ça peux finir avec une centaine de poses pour un sujet si il le faut.

    😉

    1. Ce n’est pas grave du tout, on a bien compris le sens de tes propos et tu apportes une réflexion très intéressante.
      En ce qui me concerne, je ne fais part que de ma façon de travailler. Je n’impose rien à personne. Par contre, il est vrai que si je devais répondre à une commande ou lorsque je suis en voyage à l’étranger, je ne me prive pas de déclencher beaucoup. Pour mes travaux personnels, c’est différent. Je prends mon temps.

  11. pour ça que je préfère souvent sortir seul ou avec des gens qui ont la patience (ma femme l’est ;)) car pour tout ce qui est archi, urbain, payages etc, en général, je mets un peu de temps pour trouver l’inspiration, parfois ça vient pas :/

    pire, avant une sortie, je tente de concevoir un scénario, un plan de la scène, bref, réfléchir à ce que je souhaite obtenir – l’idée avant tout – parfois ça réussit pas

    je suis en numérique

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