Je suis un photographe passionné, mais je suis aussi passionné par l’image. Et la qualité de certaines photos présentes sur Flickr, un site où je partage moi-même mes photos, me fascine. Depuis longtemps, j’avais envie de vous montrer les styles photographiques que j’aime.
J’ai donc décidé de donner la parole aux photographes dont j’admire le travail. Chaque vendredi, je laisserai la place à un photographe qui mérite d’être mis en avant. Ce sont des photographes amateurs ou professionnels, peu importe, mais avant tout de vrais créateurs d’images.
Aujourd’hui, j’ai choisi de vous présenter un photographe japonais que je suis depuis longtemps et que je remercie vivement pour son amabilité et sa disponibilité. J’aime ses cadrages soignés et ses compositions épurées. Il pratique la photographie argentique et notamment au Leica M6 : Arato Ogura.
Arato raconte* l’évolution de sa passion pour la photo et explique pourquoi et comment il travaille avec le Leica M6 :
« Mon premier appareil photo -j’avais 4 ou 5 ans- a été un Kodak Pocket Instamatic 110 offert par mon père. Néanmoins, je me rappelle que j’ai souvent été déçu par la qualité des photos prises avec cet appareil. A l’époque, je ne comprenais pas que c’était un appareil à ouverture et vitesse fixes, mais je savais que je n’étais pas content de voir des photos sombres (sous-exposées) ou floues. En ce temps-là, je photographiais les sorties en famille et je crois que j’étais juste fasciné par la sensation du “clic” du déclencheur et par le fait de pouvoir actionner l’avance du film. Je n’étais pas encore intéressé par la photographie en soi.
Ma deuxième expérience avec la photographie date de mes années de collège. J’ai économisé mon argent de poche pendant quelques années et je me suis acheté un NIKON FE2 – mon premier appareil photo digne de ce nom – afin de fixer sur pellicule mes propres voyages. A l’époque, j’adorais voyager en train et me suis acheté ce reflex pour prendre des photos des paysages de la campagne, depuis le train.
Plus tard, je suis devenu éditeur de l’annuaire de mon école et j’ai commencé à faire des portraits de mes camarades de classe. J’avais la permission officielle de prendre l’appareil photo avec moi tous les jours, de prendre des clichés quand bon me semblerait. Donc, cette expérience a renforcé encore ma passion de la photographie et des appareils photos.
Au départ, j’avais un zoom Tamron 28-135mm F4.5-5.6 sur mon Nikon FE2, mais je me suis rendu compte rapidement que les zooms peu lumineux (des ouvertures supérieures à F2.8) ne servent à rien quand il s’agit de faire des portraits avec juste la lumière disponible. Donc, j’ai vendu mon objectif Tamron et l’ai remplacé par des objectifs fixes d’occasion : un Ai Nikkor 28mm F2.8, un Ai Micor-Nikkor 55mm F2.8 et un Ai Nikkor 105mm F2.5. Ces trois objectifs Nikkor fixes me suffisaient pour couvrir à peu près tout et m’ont aidé à étudier la composition et la profondeur de champ.
Mon M6 était un cadeau de fiançailles de ma copine – qui est maintenant ma femme – il y a dix ans. (Au Japon, la tradition veut que les fiancés se fassent mutuellement des cadeaux, habituellement une bague de diamants pour la fille et une montre pour le gars.)
Quand nous nous sommes fiancés, je lui ai offert une montre suisse mécanique – non pas une montre à quartz avec pile – à la place de la bague de diamants parce que j’ai pensé que la montre serait plus pratique tous les jours et qu’elle gardera sa valeur pendant un long moment (pas autant qu’un diamant par contre…).
Puis, elle m’a demandé ce que je voudrais – ma réponse fut un M6. J’étais sûr qu’un M6 correspondrait bien à mes besoins photographiques, qu’il garderait sa valeur longtemps et qu’il serait intéressant comme cadeau mémorable de ma tendre moitié.
J’avais déjà utilisé des Leica (M2, M3 et M4) à l’époque, mais pensais que le M6 était le meilleur appareil pour une utilisation quotidienne parce qu’il dispose d’un posemètre intégré.
Les avantages du M6 et ce qui fait son charme : il est léger, compact, piles indépendantes, silencieux, discret et très efficace en faible lumière. Le M6 est peut-être “primitif” comparé aux reflex numériques modernes, mais je crois au fameux “less is more” de l’architecte allemand Mies van der Rohe.
Je ne prends pas des photos tous les jours, mais quand je suis en déplacement (cinq à six fois par an), j’emporte des pellicules.
Mes voyages d’affaires durent normalement sept jours et je prends cinq pellicules par voyage. Je commence à déclencher sur la route vers l’aéroport, je prends des photos dans l’avion et également après la réunion ou le salon. Et oui, je photographie aussi après le dîner en me rendant à mon hôtel. J’aime bien enregistrer mon voyage pas à pas.
Ce que je préfère, ce sont les instantanés de rue comme celles-ci dans mon album New York. Je n’ai pas le courage de pointer l’appareil sur un inconnu, donc je déclenche plutôt à distance. C’est pour ça que les images de “rue en tant que paysage” sont majoritaires dans ma galerie Flickr.
J’aime bien regarder des photos en couleur prises par d’autres photographes, mais je me sens plus proche de la photo en noir et blanc, surtout quand il s’agit de mon style de photographie.
En ce moment, ma pellicule préférée est la BW400CN – une pellicule chromogénique noir et blanc assez récente de Kodak. En gros, c’est la même chose qu’une Ilford XP2 Super, mais là où j’habite, on trouve plus facilement la Kodak.
J’aime cette pellicule pour la facilité avec laquelle on peut la développer et la scanner. On peut la faire développer facilement et pour pas cher n’importe où dans le monde, elle vous donne une gamme de tons excellente et offre des scans de bonne qualité.
Mes voyages sont pour la plupart dû à mon travail en tant que merchandiser/acheteur dans l’industrie de la photo et du film.
Je voyage pour participer à des salons et pour rencontrer des fabricants, ce qui veut dire que mes journées sont principalement occupées par mon travail.
C’est pour cette raison que mes sujets sont souvent des paysages urbains la nuit ou tôt le matin, que je prends en photo avant ou après le travail, en route vers une convention ou un hôtel ou même pendant la pause déjeuner. Oui, je ne quitte tout simplement jamais mon hôtel sans appareil photo en main.
Ma photo préférée est celle que j’ai prise à l’entrée d’une bouche de métro à New York.

J’ai pris cette photo il y a plus de huit ans, mais elle représente et définit bien mon intérêt en termes de photographie : voyage, transport, paysage urbain et des prises de vue en lumière naturelle. Voyager fait partie de ma vie, tout comme la photo de voyages. Je ne peux pas m’offrir le luxe de prendre des photos tous les jours comme le font des touristes, mais j’en profite dans les limites imposées par mon métier d’ homme d’affaires voyageur.
Je n’ai pas de blog, mais pour moi Flickr est un moyen sympa pour montrer mes oeuvres, avoir des commentaires et faire la connaissance de gens qui partagent mes intérêts et ma passion.
J’aime mon job actuel, donc je n’ai jamais pensé devenir photographe professionnel.
D’ailleurs, c’est difficile de viser la photographie comme principale source de revenu alors que mes capacités se limitent à des instantanés de villes. Même si je faisais de bonnes photos commerciales, je ne pense pas que je puisse prendre plaisir à photographier des sujets imposés par mes clients.
A propos, comme je travaille étroitement avec des photographes professionnels, j’ai vu la réalité de la récession économique, l’impact qu’elle a sur la vie des photographes et sur la compétitivité de l’industrie de l’édition. Donc, c’est pour cette raison que la photographie reste strictement réservée à mon loisir. »
Arato
小倉 新人
Voir le portfolio d’Arato Ogura allias super_summilux sur Flickr
* Il s’agit bien évidemment d’une traduction de ses propos, en anglais dans l’original.
Super sympa cet article.
Sympa ton initiative et une belle histoire. Bon, là je file…sur Flickr voir le magnifique travail d’Arato Ogura.